jeudi 24 mai 2007

Reprenons la dance...

Pour reprendre un tout petit peu le débat sur une meilleure note (voir mon mea culpa en commentaire au texte de Philôme posté par Antoine), quand je critiquais sous forme de blague chelou l’anti-négociationnisme, ce n’était certainement pas pour tomber dans l’excès inverse de la négociation à tout crin… Les deux courants du mouvements étudiants sont en quelque part nécessaires parce qu’ils remplissent des tâches différentes. Je suis tout à fait d’accord avec Philôme qui dit qu’il n’y aurait pas eu de grève en 2005 si l’Assé n'avait pas été là. Seulement, je trouve un peu ridicule de la voir appeler à la grève générale illimitée à tous les 18 mois… mais une chance qu’elle existe, parce qu’une fois tous les 4 ou 6 appels à la grève, ça fonctionne et donne certains résultats!
Négociation ou grève, ce n’est toujours qu’une question de rapport de force, mais des fois, comme sur un champs de bataille, mieux vaut éviter l’affrontement s’il est pour nous coûter plus cher en vies perdues qu’en honneur gagné. Dans ces cas là, l’issue humiliante peut parfois ne pas être la pire.
Je pense pas mal qu’au bout du compte, ça n’a pas tellement d’importance le « syndicalisme de combat » ou non. Une position inutilement radicale (par rapport à un contexte donné) mène à la marginalisation, à ne pas être pris au sérieux, voire à la répression. Tandis qu’une position abusivement molle ou trop prompte à la concertation (par rapport à un autre contexte donné), ça conduit effectivement à se faire avoir. Mais tout ça, ce ne sont pas des recettes données a priori, il faut rester stratégique et pragmatique tout en gardant des aspirations élevées en fonction du champs de bataille politique.
Philôme disait « depuis que les gros syndicats se contentent de faire de la concertation », la situation des pauvres empire... De façon lapidaire, je dirais qu’on peut difficilement leur attribuer la responsabilité de la décroissance du niveau de vie des pauvres et autres bonnes gens. D’une part, parce qu’il y a eu de mégatransformations politico-économiques et que stratégies plus combatives ou pas, ils n’auraient pas eu de possibilité sérieuse de s’y opposer. D’autre part, dans bien des cas, des syndicats ultracombatifs, pas concertationnistes pour deux sous, ont subi certains des pires reculs des quarantes dernières années : notamment sous Reagan, Thatcher et Harris pour ne nommer que les plus connus (on aurait aussi pu ajouter Lévesque dans les années 80). Ce n’est pas une question d’être « tough », un gouvernement déterminé (ou contraint à l'être) ayant toujours les moyens de donner une volée à un mouvement social. Et de façon générale, la montée du néolibéralisme s’est faite au moment où les syndicats étaient encore assez fort. Leur affaiblissement (et replis vers des stratégies concertationnistes) est bien moins une cause qu’une conséquence.

Mais pour revenir sommairement sur la situation qui nous attend à l’automne prochain, dans la mesure où le rapport de force n’est a priori vraiment pas, mais tellement pas, mais d’aucune manière favorable au mouvement étudiant qui défenderait le gel de frais (alors imaginez la gratuité…), est-il vraiment nécessaire d’aller au combat si ce n’est que pour causer une hécatombe?
Dans le contexte politique actuel (i.e. les dernières élections provinciales et fédérales), ce que j’ai l’impression de constater, c’est que les discours des différentes gauches(des plus radicales aux plus molles) ne portent plus du tout. Non seulement il n’a plus d’audience dans la population, mais ils servent de répulsif.
Je n’ai aucune solution ou stratégie alternatives à proposer, mais je me sens flabergasté par l’horizon politique québécois au point où je me dis « WOOOOO!!! » Manifestement, les stratégies qu’on utilisait depuis un sacré bout de temps n’ont pas fonctionné (puisque l’ADQ est en voie de devenir le parti no 1 tandis que le pauv’ti parti « social-démocrate » qu’on a est marginalisé, et que QS ne pogne vraiment mais vraiment pas plus), je doute donc qu’elle se remette à fonctionner à moyen terme de par la seule magie du temps. C'est pourquoi, dans le contexte actuel, je sens le besoin de m'arrêter pour réfléchir et non pas celui de charger, tête baissée, pour le romantisme de la chose.

Bon, je m’arrête là. Et j’invite notamment les Pascale et Estelle de ce monde, qui avaient toutes deux terminé des messages en disant quelque chose comme « si vous voulez mon opinion je l’écrirai sur le blog », à passer à l’action, et j’invite toute autre personne intéressé qui ne s’est pas encore manifesté à faire de même!
Puissons-nous continuer à nous aimer, mais aussi à discuter!
Simon

10 commentaires:

Beizerno a dit...

Peut-être pas foncé la tête baissé, mais au moins mener une résistance stratégique et éclairé. Malgré le peu d'espoir qu'une grève étudiante vienne renverser le cours des choses, il faut préparer le terrain pour l'avenir. En ce sens, sans mouvement contre-courant, je ne crois pas qu'il soit possible de "réfléchir et prendre du recul". Sans mobilisation, avec qui on va discuter?

Anonyme a dit...

Je vous propose de relire Empire et fondation de Isaac Asimov...

Il est très évident qu'un pacquebot vire pas sur un dix cenne, de même, les effets de l'efforts de mobilisations n'apparaissent pas immédiatement. et de même, les réponses des adversaires, d'autant plus subtiles se sont montrées drôlement efficace, car d'autant plus facile. voir la montée de la droite pârtout, facilité par l'accroissement des mots terrorisants et sécuritaires deéployés par les médias...
bon je chire ici...

ça serait bien de commencer à jouer des coups d'avance... aux échecs, si tu est pas capables de faire quatre coups d'avance, t'es dead.

Simon le champion a dit...

Eman, je suis désolé de t'apprendre ça, mais les bouquins d'Asimov, c'est pas arrivé pour vrai... c'est des histoires.
Désolé.
La biographie de Dominique Michel, par contre, ça c'est du vrai.

Simon le champion a dit...

Bon, pour utiliser le langage du paquebot, ya un sacré bout de temps qu'on essaie de le faire virer d'un bord avec un ensemble donnée de discours et de techniques (et peut-être surtout de schèmes de compréhension de ce qui se passe) et non seulement on a pas réussi à amorcer un mouvement dans cette direction, mais on ne réussi même plus à ralentir le mouvement qui amène le bateau dans la direction inverse! Conséquemment, Eman, le bon gestionnaire que tu es, quand il voit qu'une façon de diriger la business marche pas, est-ce qu'il s'obstine en se disant "non non, à terme ça va marcher", en faisant abstraction du marché (ou de la mer, pour revenir au paquebot), ou bien est-ce que le gestionnaire ne fait pas du "performance review" pour constater l'échec et changer de direction?

Anonyme a dit...

Lafrance, yé quand même pas mal moumoune...

Anonyme a dit...

c'est confu ton truc Simon.

si tu préfère dominic michel à une allégorie politique, fine for you buddy, mais me les casse pas parce que j'ai une job, c'est meanless

Simon le champion a dit...

(le commentaire précédent effacé, c'était le mien que j'ai posté trop tôt par erreur. compliqué ce machin là...)
ben pour être moins confus, la référence à Mme Dominique Michel se voulait de la dérision sans but.
Pour le reste, je ne fais que reprendre ton "allégorie politique" du bateau et je vais me répéter pour essayer de rendre ça plus clair: 1) d'accord un bato ne vire pas sur un dix cent. 2) T'as essayé de la faire virer pendant longtemps avec un ensemble de techniques "x". 3) Non seulement le bato n,a pas commencé à virer de notre bord, mais il accélère son mouvement vers la droite. Moi je parlerais donc de constat d'échec. 4) En business(d'où la référence à ta qualité de gestionnaire. Je trouverais aussi pas mal meanless d'agacer qq'un parce qu'il a une job ou à cause de sa job), ou dans n'importe quelle activité abordée de façon rationnelle (un coach de foot ball penserait de la même façon avec une jeu qui marche pas), si une stratégie ne fonctionne pas et produit même des résultats inverse, ben tu la changes.
C'est tout ce que je voulais dire, sans la moindre autre arrière pensée.

Anonyme a dit...

Merci Simon, c plus clair. encore un écalircissement, svp, de qui doit on constater le constat d'échec ? le pilote c'est qui dans ton point 3 ?
Parce que pour ton point 2 t'es dans les patates, j'ai pas eu cette prétention là encore. j'ai juste joué avec les techniques x y z et phi, pour en saisir les subtilités.

Simon le champion a dit...

ah! quand on écrit trop vite et que l'on ne prend pas le temps de bien le faire... Utiliser des pronoms adéquats, c'est important!
Dans tous les points, je voulais parler de façon impersonnel au nom de, genre, "la gauche". Je ne parlais pas toi particulièrement.
Je le sais que t'as jamais utilisé la "X", t'en a jamais eu les couilles...

Anonyme a dit...

hi hi hi ...
ok on fait un concours de coup de pied dans les couilles, je te les botte et ensuite a ton tour...