vendredi 25 mai 2007

L'Éducation, pourquoi faire ?

Les droits et devoirs, premiers et inaliénables, d'éduquer leurs enfants reviennent aux parents. Ils doivent donc jouir d'une liberté véritable dans le choix de l'école. Les pouvoirs publics, dont le rôle est de protéger et de détendre les libertés des citoyens, doivent veiller à la justice distributive en répartissant l'aide des fonds publics de telle sorte que les parents puissent jouir d'une authentique liberté dans le choix de l'école de leurs enfants selon leur conscience. Les parents, parce qu'ils ont donné la vie à leurs enfants, ont la très grave obligation de les élever et, à ce titre, doivent être reconnus comme les premiers et principaux éducateurs. Le rôle éducatif des parents est d'une telle importance que, en cas de défaillance de leur part, il peut difficilement être suppléé. C'est aux parents, en effet, de créer une atmosphère familiale, animée par l'amour et le respect envers Dieu et les hommes, telle qu'elle favorise l'éducation totale, personnelle et sociale, de leurs enfants. La famille est donc la première école des vertus sociales nécessaires à toute société.

C'est encore le rôle de l'état de veiller à ce que tous les citoyens parviennent à participer véritablement à la culture et soient préparés comme il se doit à l'exercice des devoirs et des droits du citoyen. L'État doit donc garantir le droit des enfants à une éducation scolaire adéquate, veiller à la capacité des maîtres, au niveau des études, ainsi qu'à la santé des élèves, et d'une façon générale développer l'ensemble du système scolaire sans perdre de vue le principe de subsidiarité, donc, en excluant n'importe quel monopole scolaire. Tout monopole de ce genre est, en effet, opposé aux droits innés de la personne humaine, au progrès et à la diffusion de la culture elle-même, à la concorde entre les citoyens, enfin au pluralisme qui est aujourd'hui la règle dans un grand nombre de sociétés. La tentation est forte aux gouvernants d'imposer de façon généralisée un plan d'éducation nationale qui peut porter atteinte au respect de ce principe de subsidiarité. Or, il ne faudrait pas porter un blâme général sur l'État sans considérer le rôle unique de la Famille dans la vie scolaire.

La tâche de dispenser l'éducation qui revient en premier lieu à la famille, requiert l'aide de toute la société. Outre les droits des parents et ceux des éducateurs à qui ils confient une partie de leur tâche, des responsabilités et des droits précis reviennent à la société civile en tant qu'il appartient d'organiser ce qui est nécessaire au bien commun temporel. Elle a, entre autres tâches, à promouvoir l'éducation de la jeunesse de multiples manières. Elle garantit les devoirs et les droits des parents et des autres personnes qui jouent un rôle dans l'éducation; elle leur fournit son aide dans ce but. Selon le principe de subsidiarité, en cas de défaillance des parents ou à défaut d'intiatives d'autres groupements, c'est à la société civile, compte tenu des désirs des parents, d'assurer l'éducation. En outre, dans la mesure où le bien commun le demande, elle fonde ses écoles et institutions éducatives propres.

En ce sens, il nous faut encourager les initiatives de regroupements de familles et individus dans des projets pédagogiques visant à contribuer à cet épanouissement de l'être humain dans son intégralité, en reconnaissant l'importance de la préservation du caractère propre de la famille comme institution sociale fondamentale et de la communauté civile comme terreau de l'exercice de la vie collective dans le respect des droits universels, en premier lieu le droit à la vie de la conception à la fin naturelle. Le projet éducatif, l'École, ne peut édulcorer l'éducation morale et religieuse sans laquelle une juste compréhension de l'Éthique des droits humains ne peut être atteinte. En effet, l'exercice de la citoyenneté dans la vie publique, le le travail et l'engagement social repose sur un ensemble de lois et repères moraux qui puisent à une philosophie de la personne. Il est du devoir des parents d'être attentifs à l'enseignement moral dispensé à leurs enfants et d'intervenir dans le milieu éducatif de façon active et intéressée. Il est du devoir des institutions éducatives civiles, dans le cas où la volonté des parents est peu exprimée, de s'assurer d'un dialogue sincère avec eux dans l'éducation de leurs enfants.

Comme vous le savez, le Québec prend un tournant important en ce qui concerne l'Éducation nationale, où plutôt l'éducation qui relève des programmes ministériels (ce qui n'est pas forcément correspondant, la nation et l'État n'étant pas une seule et même substance...). En effet, le ministère de l'Éducation nationale souhaite valoriser une éducation plus vive de la citoyenneté, ce qui est louable. De plus, les modifications apportées au cadre juridique en ce qui concerne l'éducation morale et religieuse dans l'école publique, peuvent donner la couleur de la vision de l'État en ce qui concerne l'Éducation populaire. L'option choisie est celle du Laicisme comme philosophie, où l'Éthique de la vie civile est présentée dans une vision pluraliste, tolérante, ouverte, pour reprendre les mots à la mode du jour. Dans ce contexte, les familles chrétiennes ne peuvent plus compter sur la collaboration de l'École publique pour l'Éducation morale et religieuse de leurs enfants dans le respect de la foi et de la tradition de l'Église. Cela est un fait qui découle des modifications à la loi sur l'éducation qui prendra effet en 2008. Ils ne peuvent plus car le ministère de l'Éducation, qui gère l'École publique au Québec, refuse de reconnaître le droit des parents à l'option préférentielle dans la délivrance de l'enseignement moral et religieux à l'École. Le regroupement des écoles privées pourra continuer d'aménager raisonnablement son horaire pédagogique de façon à délivrer un enseignement moral à la lumière d'un enseignement religieux catholique /ou protestant..., en plus du nouveau programme généralisé d'Éthique et «culture religieuse», sorte de nouvelle panacée du pluralisme tolérant et relativiste (ce commentaire spontané est un peu rude).

Au plaisir de discuter à partir de ce texte sur un volet ou autre de la philosophie de l'éducation et le contexte du Québec.

9 commentaires:

Beizerno a dit...

TANT MIEUX! Que la famille éduque à la maison, à l'Église, à la Mosquée ou à l'aréna, que l'école soit la réalisation de la vie en Société (qui inclut la religion, qu'elle ne l'exclut pas).

Question: On fait quoi pour le droit des parents musulmans à recevoir l'aide de l'éducation nationale? Des boudhistes, des juifs, des krishnas, des raëliens, des anglicans, des sikhs, des protestants, et des autres.

Simon le champion a dit...

Tu dis : un "monopole(scolaire) de ce genre est, en effet, opposé aux droits innés de la personne humaine, au progrès et à la diffusion de la culture elle-même, à la concorde entre les citoyens, enfin au pluralisme qui est aujourd'hui la règle dans un grand nombre de sociétés."

Rapidement, des "droits innés, ça n'existe pas. Des droits, ça existe parce que l'individu vit dans une société où une institution est suffisamment dominante pour être en mesure de garantir des droits, et qu'au fil du temps, on a eu l'intelligence de se donner des "droits fondamentaux", réputés inaliénables. Ce n'est pas ni Dieu, ni la nature qui donne des droits, c'est la Politique. En ce sens, comme disait HAnnah Arendt je crois, les droits de l'Homme, ça n'existe pas, il n'y a jamais que des droits du citoyens(c-à-d de l'individus qui appartient à une communauté politique).
Quant au principe de "monopole scolaire", moi je vois plutôt ça, assez positivement, comme un cursus commun donnant à tous les individus d'une société un bagage commun qui leur permet de communiquer et d'avoir un horizon commun. Ça n'empêche aucunement la diversité, mais permet de faire en sorte qu'elle ne se transforme pas en fragmentation sociale parce qu'elle se déroule sur le fond d'un horizon commun.

Anonyme a dit...

n'importe quoi simon ...

tu peux pas affirmer une idiotie comme ça ... que les droits innés ^ca n'existent pas ...

vache, il me semblait que tu disposait d'un brin de discernement pour voir que la réalité dépends de la lunette a travers tu la regarde...

crois tu en dieu ?

si tu y crois, alors il se pourrait et c'est pas encore certain, que tu admette que des droits innés puissent exister...

le droit serait subséquent à la société ? ... c'est un point de vue... et pas une vérité.

si tu remonte dans l'histoire et la mythologie, c'est les dieux qui donnent les droits aux hommes...

Jonathan a dit...

Réponses

: Intéréssantes remarques et questions. Premièrement, je dirai que l'Église n'est pas un bâtiment comme une aréna, mais le peuple de tous les enfants du Père, pierres vivantes unies par le lien de la foi, de l'espérance et de la charité, lien qui s'enracine dans l'histoire et qui éclaire l'ensemble de la vie sociale, dont la vie scolaire fait partie. L'école fait partie de cette vie sociale, visible, publiquement affirmée, où s'expriment les valeurs, les appartenances etc. En disant que l'école est lieu de réalisation de la vie en société, je suis bien d'accord. Ce que je soulevais, c'est que l'éducation citoyenne et l'éducation religieuse et morale sont intimement reliées. Car le droit citoyen lui-même puise à une éthique et vision de l'être humain.

La division que je ne fais pas, c'est celle de séparer l'oeuvre d'éducation religieuse pour la confier strictement à la famille hors de la mission de l'École publique qui à mon sens est en devoir d'offrir aux parents la possibilité d'une option préférentielle dans l'enseignement religieux dans l'École elle-même. Et je rappelle ici qu'option préférentielle dans un bassin de population totalement musulmane diffère d'option préférentielle dans un contexte imprégné de 400 ans d'histoire chrétienne. C'était un choix que nos aieux avaient fait, que de donner cette option préférentielle à l'École en prolongation de l'enseignement religieux donné dans les limites (souvent restreintes) de la famille et de la communauté locale. Historiquement, ce régime succédait à l'école confesionnelle comme telle, où le cursus scolaire était entièrement dirigé par les instituts religieux oeuvrant dans l'éducation, avec les erreurs, les blessures, les rancunes et aussi les bons coups que l'on connaît.

Bon, simplement, dans un tel fonctionnement, ca veut dire que les parents peuvent librement ou non choisir que leurs enfants soient mis en contact, à l'école, avec un enseignement préférentiel dans sa direction morale et religieuse, quelques heures par semaine. C'est cette option préférentielle qui est enlevée par la loi 95, sous l'invocation d'une atteinte au droit à la liberté religieuse de tous. Maintenir l'option préférentielle catholique/protestant serait porter atteinte aux droits des non chrétiens (ce qui n'inclut pas seulement les musulmans) à leur liberté religieuse. C'est ça le raisonnement. Ne serait-il pas tout simplement plus adéquat de reconnaître cette option préférentielle pour les parents d'autres confessions ? C'est à dire de permettre d'aménager le programme pédagogique de l'école en offrant un enseignement confessionnel préférentiel élargi, qui est une réponse au contexte culturel présent ? Au lieu d'aménager, on déménage tout et on nivelle vers le bas en éliminant l'option préférentielle de l'École publique, et en instaurant un régime qui risque de très peu favoriser le dialogue interreligieux. Et si on vient dire que l'École et la vie publique ne devrait tout simplement pas avoir affaire avec des questions d'ordre confessionnel, je dis : Bonjour, bienvenue dans le réel, la sphère du religieux n'est pas une sorte d'appendice du tissus social, mais imprègne la société de long en large.

Peut-être sera-t-il possible d'aménager ces espaces de dialogue dans l'École publique dans le cadre du nouveau programme, je l'espère sincèrement et je souhaite y collaborer.

Si je comprends bien, ce qui est critiqué aussi, c'est le financement national d'une éducation religieuse qui relèverait strictement de la famille et de l'église locale (ou de la mosquée, ou synagogue si on l'applique à l'Islam et au judaisme, pour rester dans la foi monothéiste). C'est d'ailleurs la position du MLQ, ce chaleureux lobby.. De là l'idée de l'école laique, au sens d'école qui ne finance que des programmes non confessionnels. À mon sens, c'est là une façon de ne pas affronter les vrais problèmes et dialogues de notre temps. En effet, dans une école non confessionnelle, qui n'enseigne rien (sinon en minime superficie) des traditions religieuses d'un peuple, dans cette école qui veut former des citoyens, dans cette école où qu'on le veule ou non se retrouveront des chrétiens, musulmans, juifs ou autres, comment sera enseignée la foi respective de chacun, par quelle autorité ? Je présume que nous remplacerons tout cela par la philosophie libérale de l'État ? Avec loi sans foi...

Antoine : on fait quoi des bouddhistes, des juifs, anglicans etc. ? Pour être ironique et avec un brin d'humour, ne faudrait-il pas les intégrer dans notre belle et nouvelle religion libérale humaniste citoyenne pluraliste et ouverte, où tout le monde s'aime dans la classe avec le bon prof qui a bien compris, en bon franc-maçon, que la vraie mystique est celle qui transcende toutes les religions dans l'État ?

Bon, il ne faut pas mettre tout dans le même paquet, il y a une différence entre le raélisme et l'Islam. Mais bon, si des parents réclament que leurs enfants passent une heure par semaine avec ceux-ci, et que le bassin de population raélienne justifie d'aménager cela, pkoi pas ? Cela fera un dialogue dans l'École et cela confirmera peut-être plusieurs que notre monde devient de plus en plus imprégnés de sectes sordide ? Il faudra alors montrer si nous sommes capables d'être des chértiens debouts, capables de témoigner de leur foi et espérance ;)

Bon, tout cela n'est pas encore tout mûri, je continue de méditer la question, mais la discussion est intéressante.

Chow

Jonathan a dit...

Je répondrai à Simon en rapellant le sens de la Loi naturelle, que la tradition avec a appelé le droit moral naturel qui, selon les paroles de saint Thomas d'Aquin, "n'est rien d'autre que la lumière de l'intelligence mise en nous par Dieu. Grâce à elle, nous savons ce que nous devons faire et ce que nous devons éviter. Cette lumière et cette loi, Dieu les a données par la création" (n. 40; cf. aussi Catéchisme de l'Eglise catholique, numéros 1954-1955).

La première équivoque qu'il faut éliminer, est le prétendu conflit entre la liberté et la nature" qui retentit aussi sur l'interprétation de certains aspects spécifiques de la loi naturelle, surtout de son universalité et de son immutabilité. En effet, la liberté appartient elle aussi à la nature rationnelle de l'homme, et elle peut et doit être guidée par la raison: "C'est précisément grâce à cette "vérité" que la loi naturelle suppose l'universalité. En tant qu'inscrite dans la nature raisonnable de la personne, elle s'impose à tout être doué de raison et vivant dans l'histoire.

Le droit naturel.. Il s'agit d'un terme qui est devenu aujourd'hui presque incompréhensible pour de nombreuses personnes, à cause d'un concept de nature non plus métaphysique, mais seulement empirique. Pour de nombreux penseurs contemporains, les concepts de "nature" et de "loi naturelle" n'apparaissent applicables qu'au seul monde physique et biologique, ou, comme expression des lois de l'univers, à la recherche scientifique et à l'écologie. Malheureusement, dans une telle perspective, il s'avère difficile de saisir la signification de la nature humaine au sens métaphysique, comme celle de loi naturelle dans l'ordre moral. Ce passage à la profondeur de la réalité a certainement été rendu plus difficile, par la perte presque totale du concept de création, un concept qui fait référence à toute la réalité cosmique, mais qui revêt une signification particulière à propos de l'homme. L'affaiblissement de la confiance dans la raison, qui caractérise une grande partie de la philosophie contemporaine, y a également contribué.

Ces paroles de Jean-Paul II sont d'actualité : « Il faut donc un effort cognitif renouvelé pour retrouver à ses racines, et dans tout son contenu, la signification anthropologique et éthique de la loi naturelle et du concept de droit naturel qui lui est lié. Il s'agit, en effet, de démontrer si et comment il est possible de "reconnaître" les trait propres à tout être humain, en termes de nature et de dignité, en tant que fondement du droit à la vie dans ses multiples formulations historiques. C'est seulement sur cette base qu'un véritable dialogue et qu'une collaboration authentique entre croyants et non-croyants sont possibles. L'expérience quotidienne met en évidence l'existence d'une réalité de fond commune à tous les êtres humains, grâce à laquelle ils peuvent se reconnaître comme tels. Il est nécessaire de faire toujours référence "à la nature propre et originale de l'homme, à la "nature de la personne humaine", qui est la personne elle-même dans l'unité de l'âme et du corps, dans l'unité de ses inclinations d'ordre spirituel ou biologique et de tous les autres caractères spécifiques nécessaires à la poursuite de sa fin" (Veritatis splendor, n. 50; cf. aussi Gaudium et spes, n.14).

Cette nature particulière est le fondement des droits de tout être humain, qui a une dignité de personne dès le moment de sa conception. Cette dignité objective, qui a son origine en Dieu Créateur (les parents participants à l'acte pro-créateur dans la pro-création), est fondée sur la spiritualité qui est celle de l'âme, mais s'étend également à sa corporéité, qui en est la composante essentielle. Personne ne peut la lui enlever, au contraire, chacun doit la respecter en soi-même et dans les autres. C'est une dignité égale chez chacun et qui demeure totale à toutes les étapes de la vie humaine individuelle.

La reconnaissance d'une telle dignité naturelle est le fondement de l'ordre social, comme nous le rappelle le Concile Vatican II: "Au surplus, en dépit de légitimes différences entre les hommes, l'égale dignité des personnes exige que l'on parvienne à des conditions de vie justes et plus humaines" (Gaudium et spes, n. 29).

La proposition qui consiste à faire des droits humains fondamentaux un corollaire ou résultat de l'organisation socio-politique est simplement une perte du sens du don de la vie reçu du Créateur et une interprétation de l'humanité fondée sur une philosophie qui écarte la loi naturelle.

Benoît XVI rapellait, lors du Congrès international sur le droit naturel, organisé par l'Université pontificale du Latran, en février dernier, le sens profond de la loi naturelle en ces mots :

«La nécessité de voir la justice et la solidarité suivre "des normes infrangibles ne dépend pas de la volonté du législateur ni de la sanction politique. Ces normes précédent en effet toute loi humaine, et de ce fait elles ne supportent aucune dérogation de qui que ce soit" La loi naturelle -a-t-il affirmé- est la source d'où jaillissent les droits fondamentaux et les impératifs éthiques qui doivent être honorés. Dans l'éthique et la philosophie du droit actuelles, les postulats du positivisme juridique sont largement diffus. Par conséquence, la législation devient souvent seulement un compromis de divers intérêts sociaux et économiques: on cherche à transformer en droits des intérêts privés ou des souhaits qui sont en opposition aux devoirs dérivants de la responsabilité sociale". "Il est important de rappeler que dans cette situation chaque institution juridique, au niveau national comme international, tire sa légitimité de l'enracinement dans la loi naturelle, dans le message éthique inscrit dans l'être humain même. La connaissance de cette loi augmente avec le progrès de la conscience morale. La première préoccupation de tous, et plus particulièrement pour qui a des responsabilités publiques, devrait donc être celle de promouvoir la maturation de la conscience morale".

Le droit naturel est, en définitive, le seul rempart valable contre l'abus de pouvoir ou les pièges de la manipulation idéologique.

Prenons l'exemple du mariage et de la famille. A cet égard, le Concile Vatican II a répété de façon opportune que le mariage est une institution «que la loi divine confirme», et donc «en vue du bien des époux, des enfants et aussi de la société, ce lien sacré échappe à la fantaisie de l'homme» (ibid.)D'ailleurs rappelons ici que le mariage est un sacrement que les époux se donnent eux-mêmes devant Dieu et les hommes, dans la communion de l'Église.

Aucune loi faite par les hommes ne peut donc renverser la norme inscrite par le Créateur, sans que la société ne soit dramatiquement blessée dans ce qui constitue son fondement de base même. L'oublier signifierait fragiliser la famille, pénaliser les enfants et rendre précaire l'avenir de la société. Nous pourrions étendre cette réflexion à la question de l'écologie par exemple, ce qui serait surement fécond.

La loi naturelle, dans la mesure où elle réglemente les relations inter-humaines, vaut comme "droit naturel" et, comme telle, exige le respect de la dignité des personnes dans la recherche du bien commun. Une conception authentique du droit naturel, entendu comme protection de la dignité éminente et inaliénable de tout être humain, est garante de l'égalité et donne un contenu véritable aux "droits de l'homme" qui constituent les fondements des Déclarations internationales.

Karol Wojtyla, défenseur infatigable de la justice et de la paix, disait bien : «Les droits de l'homme, en effet, doivent avoir pour référence ce que l'homme est par nature, en vertu de sa propre dignité, et non ce qui est l'expression de choix subjectifs faits par ceux qui jouissent du pouvoir de participer à la vie sociale ou par ceux qui obtiennent le consentement de la majorité. Dans l'Encyclique Evangelium vitae, j'ai dénoncé le grave danger que cette fausse interprétation des droits de l'homme, comme droits de la subjectivité individuelle ou collective, détachée de toute référence à la vérité de la nature humaine puisse conduire les régimes démocratiques eux-mêmes à se transformer en une forme de totalitarisme.»

Parmi les droits fondamentaux de l'homme, l'Eglise catholique revendique en particulier pour tout être humain le droit à la vie comme droit fondamental. Elle le fait au nom de la vérité de l'homme, et pour protéger sa liberté, qui ne peut subsister que dans le respect de la vie. L'Eglise affirme le droit à la vie de tout être humain et à tout moment de son existence. La distinction qui est parfois suggérée dans certains documents internationaux entre "être humain" et "personne humaine", pour reconnaître ensuite le droit à la vie et à l'intégrité physique uniquement à la personne déjà née assimilée à la personnalité juridique, est une distinction artificielle sans fondement scientifique, ni philosophique: tout être humain, dès sa conception et jusqu'à sa mort naturelle, possède un droit inviolable à la vie et mérite tout le respect dû à la personne humaine (cf. Donum vitae, n. 1).

DROITS ET LIBERTÉS : ce n'est pas ici un jeu de forces politiques, mais la reconnaissance d'un ordre moral objectif qui transcende les institutions politiques et qui est ancré dans la créature humaine (car nous sommes créatures, participant de la vie du Créateur, qui est Don!).

Oui, il y a des droits de l'homme qui éclairent les droits citoyens ! Heureux les citoyens qui vivent comme des hommes et dont la raison est capable de s'exercer dans une conscience morale qui n'est pas clouée sur les prétentions politiques !

Pour conclure, je désire encourager votre réflexion sur la loi morale naturelle et sur le droit naturel, avec le souhait qu'il en jaillisse un élan renouvelé pour l'instauration du bien véritable de l'homme et d'un ordre social juste et pacifique qui respecte en premier lieu la vie comme don. C'est toujours en revenant aux racines profondes de la dignité humaine et de son bien véritable, en s'appuyant sur le fondement de ce qui est essentiel et inaliénable chez l'homme, que l'on peut entamer un dialogue fécond avec les hommes de toute culture en vue d'édifier une société inspirée par les valeurs de la justice et de la fraternité.

Foi et Raison,

Jonathan

Maître a dit...

Sur ce blog, j'invite les auteur-e-s à discuter des "droits humains", non seulement des droits de l'homme. Merci

Simon le champion a dit...

Jo,

Tsé, quand tu donnes des arguments d’autorité à partir d’un pape, d’un Concile, d’un apôtre ou d’un quelconque saint, pour moi personnellement, ça ne me fait rien et ça n’apporte rien au débat. Non pas parce que c’est d’ordre religieux, mais parce que souvent, tu apportes ce genre de référence comme si le seul fait qu’on l’ait dit le rendre vrai (c’est le concept de l’argument d’autorité après tout, ce qui est assez commun chez les exégètes et autres fans de paroles sacrés. En fait, on fait ça aussi à tour de bras en sociologie. Sauf que dans un débat supposé être rationnel et argumenté, si on cite St-Thomas d'Aquin (comme toi) ou Max Weber (comme moi) ou Freitag (comme tous mes collègues de l'UQAM), nous devons discuter nos citations, non pas les utiliser comme des vérités autoportantes.

Le meilleur exemple de ça est le premier paragraphe de ta réponse à mon commentaire, et ça m’amène à ne pas en tenir compte parce que ce n’est pas un argument.

Tu écris souvent comme si tu parlais à des gens qui partagent tes croyances religieuses (en faisant, comme si tu nous parlais, des injonctions « aux Chrétiens », du genre «il faudra montrer si nous sommes capables d'être des chértiens debouts!»), ce qui n’est pas le cas pour pas mal de gens, dont moi. Je dois avouer qu’à un certain moment, ça m’irrite.

D’autre part, tu signes « Foi et raison », et depuis peu, tu fais fréquemment appel à des concepts « laïques » pour justifier tes positions qui ne changent pourtant pas sur le fond. Ce que j’en retiens, c’est que c’est pas mal toujours les mêmes lignes d’argumentation traditionnelles de l’Église, mais formulées dans un langage « laïque ». Tu pars de truc comme les droits fondamentaux (que tu réduits généralement à ce concept étrange qu’est le « droit à la vie ») et tu finis invariablement par atterrir sur Dieu, ou une quelconque idée de l’attirail des positions religieuses habituelles.

Exemple : tu commence « Cette nature particulière est le fondement des droits de tout être humain, qui a une dignité de personne dès le moment de sa conception. »

Et par après, le jupon, qui dépassait, devient évident :

« Cette dignité objective, qui a son origine en Dieu Créateur (les parents participants à l'acte pro-créateur dans la pro-création), est fondée sur la spiritualité qui est celle de l'âme, mais s'étend également à sa corporéité, qui en est la composante essentielle. »

Et tu reprends ensuite un langage « laïque » : « Personne ne peut la lui enlever, au contraire, chacun doit la respecter en soi-même et dans les autres. C'est une dignité égale chez chacun et qui demeure totale à toutes les étapes de la vie humaine individuelle. »


Tu dis aussi :
« La proposition qui consiste à faire des droits humains fondamentaux un corollaire ou résultat de l'organisation socio-politique est simplement une perte du sens du don de la vie reçu du Créateur et une interprétation de l'humanité fondée sur une philosophie qui écarte la loi naturelle. »
Ou plus loin : « DROITS ET LIBERTÉS : ce n'est pas ici un jeu de forces politiques, mais la reconnaissance d'un ordre moral objectif qui transcende les institutions politiques et qui est ancré dans la créature humaine (car nous sommes créatures, participant de la vie du Créateur, qui est Don!). »

Je me demande si tu réalises que ça ne peut pas avoir aucun poids dans une discussion rationnelle dans la mesure où tes interlocuteurs ne partagent pas ton précepte de « Dieu a créé »? Et les exemples de ce genre sont presque la majeure partie de tes textes.
Et pas besoin de crier au nihilisme, la beauté de l’être humain, c’est que c’est un être de sens, qui a affirmer depuis les Lumières qu’il était capable de donner lui-même un sens à ses institutions.

Au bout du compte, il y a eu des versions entièrement laïques des théories du droit naturel qui étaient déjà insoutenables d’un point de vue historique, sociale et philosophique. Plus personne ne les soutient d’ailleurs et elles n’ont plus aucune valeur en cours. Une version de la loi naturelle qui, après avoir tout justifié par une supposé nature de l’homme, comme toute théorie du droit naturel, rajoute simplement que cette nature est donnée par Dieu et inscrite dans la création, et bien cette version peut difficilement être plus crédible à quiconque ne pense pas a priori le monde comme étant la création.

C’est comme les fondamentalistes chrétiens aux États-Unis qui ont laïcisé la théorie de l’évolution pour essayer de s’adapter aux jugements de la Cour suprême qui affirmaient que les considérations religieuses n’avaient pas à intervenir dans les cours de science. Réaction des fondamentalistes, on ne dit plus qu’il faut cesser d’enseigner la théorie de l’évolution parce que qu’elle est fausse et que c’est Dieu qui a créé le monde en 6 jours (+1), on dit qu’il faut enseigner à côté une « autre théorie scientifique », proposant un mode d’explications « alternatifs » qui affirment, sur la base de « l’absence de preuves absolues » à propos de l’évolution (alors que la science ne carbure pas à ce genre de concept), que c’est tellement beau et compliqué cette chose là qu’est le monde, qu’il faut bien que ce soit un être supérieur qui l’ait créé. Fascinant tout de même de prétendre qu’une démission de la science puisse être une théorie scientifique...

Après tout ça, affirmer que « l'affaiblissement de la confiance dans la raison [...] caractérise une grande partie de la philosophie contemporaine », je trouve que ça prend un sacré culot.

---------
Sur le fond, le droit est un fait social. Fait comme un fait qui se constate dans la plupart des sociétés. Social comme dans socialement déterminé, et non issue d’une Vérité supérieure. Ces causes, ces racines, ces déterminants, son langage sont issus du terreau social : à moins d’un argument radicalement choc, je pense qu’on peut dire qu’on ne pourra jamais prouver empiriquement le contraire.

Savoir ça, ça ne nous condamne pas à un nihilisme où le droit serait dépourvu de sens. Ça nous condamne à devoir nous-mêmes prendre en charge la tâches de définir nos normes communes de vivres ensemble. Et ça, à mon sens, c’est encore plus grand et plus noble comme idée que l’idée d’avoir reçu tel quel le droit de Dieu, mais là on est dans l’ordre de la préférence subjective. Enfin, il faut voir l'humanité comme autre chose que mon Dieu ou rien. Entre les deux, il y a une vaste possibilité d'interprétation.

-----

Enfin, je dois l’avouer, j’ai un sérieux problème avec ton ton(s’cusez la répétition). Malgré tes appels à continuer le dialogue que tu mets à la fin de tes discours, tu n’es manifestement pas là pour discuter : je ne dis pas ça à partir de tes intentions, mais à partir de tout ce qui imprègne très, très fortement tes écrits.
Comme je l’écrivais plutôt, tu déclames le plus souvent TES vérités comme étant des fondements inébranlables. Tu adoptes un ton paternaliste (comme dans « je désire encourager votre réflexion sur la loi morale naturelle et sur le droit naturel, avec le souhait qu'il en jaillisse un élan renouvelé pour l'instauration du bien véritable de l'homme et d'un ordre social juste et pacifique qui respecte en premier lieu la vie comme don. ») et n’emprunte le vocabulaire de nos arguments que pour les ramener, encore et toujours, à TES vérités. Dans ta réponse au texte de Boff suggéré par Antoine, tu n’as aucunement discuté le texte, tu l’as décrié comme étant une hérésie, une insulte aux vérités éternelles.
On ne peut clâmer (ce n’est même pas affirmer ou énoncer) des choses pareilles et affirmer vouloir discuter. Quand on « sait » la vérité, on ne perd pas son temps à discuter, à l’instar du prophète ou de ses apôtres, on va répandre la bonne nouvelle.
Moi je ne suis pas ici pour recevoir la vérité, et je ne pense pas que beaucoup de gens viennent sur ce blog pour ça.

"Je suis simplement épuisé de ces discours prosélytes qui se réclament de la totale fidélité à l'Évangile du salut."
Et moi donc.

sophie a dit...

Mon commentaire porte sur cet argument offert par Jo afin de soutenir sa position voulant que l'option préférentielle à l'école soit une solution au contexte culturel présent:

''Au lieu d'aménager, on déménage tout et on nivelle vers le bas en éliminant l'option préférentielle de l'École publique, et en instaurant un régime qui risque de très peu favoriser le dialogue interreligieux.''

Je pense que l'option préférentielle favoriserait une fermeture du dialogue entre les gens de différentes confessions religieuses. Dans un contexte de multiculturalisme et de laïcisation comme celui de la société québécoise, il me paraît important de permettre aux enfants et aux adolescents de recevoir un message d'ouverture et de dialogue envers les différentes religions présentes autour d'eux. Ainsi, de regrouper les gens de même confession en groupes homogènes lorsque vient le temps de discuter de religion me semble contraire au dialogue. Nous ne possédons pas beaucoup de structure sociale qui puisse offrir une rencontre aussi privilégiée entre les gens de différentes confessions que celle offerte dans les classes des grands centres urbains du Québec. Aussi, puisque le système éducationnel du Québec se laïcise toujours de plus en plus, il est possible de croire que le discours religieux n'aurait pas sa place ailleurs dans la grille horaire que lors des moments prévus à la rencontre en groupes homogènes. Une plage horaire consacrée à une discussion sur la religion où chacun pourrait parler de ce qu'il est paraît ouvrir sur un dialogue plus franc sur ce qu'est croire lorsque nous sommes chrétiens ou autres.

sophie a dit...

...suite

Une plage horaire consacrée à une discussion sur la religion où chacun pourrait parler de ce qu'il est paraît ouvrir sur un dialogue plus franc sur ce qu'est croire lorsque nous sommes chrétiens ou autres. C'est pourquoi le nouveau programme d'Éthique et culture religieuse est mieux adapté au dialogue interculturel: il réunit sous un même thème et dans un même lieu des gens de différentes confessions afin qu'ils puissent discuter les uns avec les autres.