mardi 29 mai 2007

Éducation et principe de Subsidiarité

Cet artcile donne suite à la réponse de Simon concernant une affirmation sur le Monopole dans l'Éducation (voir commentaires de mon article sur les droits de l'éducation).

Pour ce qui est de la question du monopole scolaire, elle est liée à ce que je mentionnais comme le rôle propre de l'État dans la mission éducative : « développer l'ensemble du système scolaire sans perdre de vue le principe de subsidiarité». Ce qui est qualifié de monopole est justement cette perte de vue de ce principe, où l'État s'approprie et absorbe en son intervention ce qui relève de corps sociaux intermédiaires (ex: la famille, la communauté locale etc.) En ce sens je crois que le Québec aurait avantage à faire la méditation que font les pays de l'UE.

Rappellons-donc içi ce que signifie le principe de subsidiarité. «Subsidiarité» procède du latin subsidium qui signifie «appoint en cas de besoin».

Prenons un exemple pour illustrer le propos. Le principe de "subsidiarité" est définit à l'article 5 § 1 et 2 du T.CE (Traité instituant la Communauté Européenne) ainsi: "La Communauté agit dans les limites des compétences qui lui sont conférées et des objectifs qui lui sont assignés par le présent traité. Dans les domaines qui ne relèvent pas de sa compétence exclusive, la Communauté n'intervient, conformément au principe de subsidiarité, que si et dans la mesure où les objectifs de l'action envisagée ne peuvent pas être réalisés de manière suffisante par les Etats membres et peuvent donc, en raison des dimensions ou des effets de l'action envisagée, être mieux réalisés au niveau communautaire.

Si le principe de subsidiarité, tel qu'il figure dans le Traité, définit une orientation claire quant à la manière dont les compétences communautaires doivent être conçues et exercées, il n'en laisse pas moins subsister une importante marge d'appréciation tenant au fait qu'il repose sur l'appréciation d'éléments qualitatifs et qu'il fait intervenir le notion controversée de " compétence exclusive ".

Application au niveau de l'éducation :

Notamment en raison de la différence de cultures, ce domaine est toujours du ressort des Etats membres. Chacun des pays de l’Union a une organisation particulière. En Belgique, la tutelle sur l’enseignement est fonction de la langue, et donc de chaque communauté. Les « Länder » allemands sont compétents pour organiser leur système scolaire. En France, l’éducation est "nationale".

Droits familiaux et Éducation nationale :

Les parents sont les premiers et les principaux éducateurs de leurs enfants et ils ont aussi une compétence fondamentale dans ce domaine : ils sont éducateurs parce que parents. Ils partagent leur mission éducative avec d'autres personnes et d'autres institutions, comme l'Eglise et l'Etat ; toutefois cela doit toujours se faire suivant une juste application du principe de subsidiarité. En vertu de ce principe, il est légitime, et c'est même un devoir, d'apporter une aide aux parents, en respectant toutefois la limite intrinsèque et infranchissable tracée par la prévalence de leur droit (dont celui à l'option préférentielle en matière d'éducation morale et religieuse chrétienne) et par leurs possibilités concrètes. Le principe de subsidiarité vient donc en aide à l'amour des parents en concourant au bien du noyau familial. En effet, les parents ne sont pas en mesure de répondre seuls à toutes les exigences du processus éducatif dans son ensemble, particulièrement en ce qui concerne l'instruction et le vaste secteur de la socialisation. La subsidiarité complète ainsi l'amour paternel et maternel et elle en confirme le caractère fondamental, du fait que toutes les autres personnes qui prennent part au processus éducatif ne peuvent agir qu'au nom des parents, avec leur consentement et même, dans une certaine mesure, parce qu'ils en ont été chargés par eux.

(Lire au sujet de la subsidiarité un article éclairant de la sociologue Alexandra Ionescu sur le contexte Roumain : http://www.unibuc.ro/eBooks/Sociologie/ionescu/1-4.htm

Et en complément avec des bonnes données : A. Fernandez et J.-D. Nordmann, El estado de las libertades educativas en el mundo. Et des mêmes auteurs: Le droit de choisir l'école, une question de justice, un ouvrage édité sous l'égide de l'OIDEL.

Merci, et joyeux été

lundi 28 mai 2007

Tha niouze reviou!

Je suis assez satisfait, j'ai trouvé les raisons qui expliquent le chaos actuel en Irak:

- «Les Irakiens ont envers nous une immense dette de gratitude. Pourtant, je me demande s'ils ne sont pas un peu ingrats envers nous.» (George Bush, 14 janvier 2007)

- «Nous leur avons apporté la liberté. Ils ont choisi la guerre civile.» (Charles Krauthammer, éditorialiste ultraconservateur, The Washington Post, 2 février 2007)

- «Les leaders irakiens sont incapables de faire ce qu'ils ont promis.» (Mitch McConnell, leader républicain au Sénat, 13 mai 2007)

- «Les Irakiens ont choisi de ne pas se battre pour la liberté après que nous ayons renversé Saddam.» (Bill O'Reilly, commentateur de télévision, sur son site Internet le 24 mai 2007)


Sur une note plus intelligente:
Les économies émergeantes et le système financier international
Vers la création d'une Banque multilatérale contrôlée par les pays du cône sud


C'était Tha niouze reviou.

vendredi 25 mai 2007

L'Éducation, pourquoi faire ?

Les droits et devoirs, premiers et inaliénables, d'éduquer leurs enfants reviennent aux parents. Ils doivent donc jouir d'une liberté véritable dans le choix de l'école. Les pouvoirs publics, dont le rôle est de protéger et de détendre les libertés des citoyens, doivent veiller à la justice distributive en répartissant l'aide des fonds publics de telle sorte que les parents puissent jouir d'une authentique liberté dans le choix de l'école de leurs enfants selon leur conscience. Les parents, parce qu'ils ont donné la vie à leurs enfants, ont la très grave obligation de les élever et, à ce titre, doivent être reconnus comme les premiers et principaux éducateurs. Le rôle éducatif des parents est d'une telle importance que, en cas de défaillance de leur part, il peut difficilement être suppléé. C'est aux parents, en effet, de créer une atmosphère familiale, animée par l'amour et le respect envers Dieu et les hommes, telle qu'elle favorise l'éducation totale, personnelle et sociale, de leurs enfants. La famille est donc la première école des vertus sociales nécessaires à toute société.

C'est encore le rôle de l'état de veiller à ce que tous les citoyens parviennent à participer véritablement à la culture et soient préparés comme il se doit à l'exercice des devoirs et des droits du citoyen. L'État doit donc garantir le droit des enfants à une éducation scolaire adéquate, veiller à la capacité des maîtres, au niveau des études, ainsi qu'à la santé des élèves, et d'une façon générale développer l'ensemble du système scolaire sans perdre de vue le principe de subsidiarité, donc, en excluant n'importe quel monopole scolaire. Tout monopole de ce genre est, en effet, opposé aux droits innés de la personne humaine, au progrès et à la diffusion de la culture elle-même, à la concorde entre les citoyens, enfin au pluralisme qui est aujourd'hui la règle dans un grand nombre de sociétés. La tentation est forte aux gouvernants d'imposer de façon généralisée un plan d'éducation nationale qui peut porter atteinte au respect de ce principe de subsidiarité. Or, il ne faudrait pas porter un blâme général sur l'État sans considérer le rôle unique de la Famille dans la vie scolaire.

La tâche de dispenser l'éducation qui revient en premier lieu à la famille, requiert l'aide de toute la société. Outre les droits des parents et ceux des éducateurs à qui ils confient une partie de leur tâche, des responsabilités et des droits précis reviennent à la société civile en tant qu'il appartient d'organiser ce qui est nécessaire au bien commun temporel. Elle a, entre autres tâches, à promouvoir l'éducation de la jeunesse de multiples manières. Elle garantit les devoirs et les droits des parents et des autres personnes qui jouent un rôle dans l'éducation; elle leur fournit son aide dans ce but. Selon le principe de subsidiarité, en cas de défaillance des parents ou à défaut d'intiatives d'autres groupements, c'est à la société civile, compte tenu des désirs des parents, d'assurer l'éducation. En outre, dans la mesure où le bien commun le demande, elle fonde ses écoles et institutions éducatives propres.

En ce sens, il nous faut encourager les initiatives de regroupements de familles et individus dans des projets pédagogiques visant à contribuer à cet épanouissement de l'être humain dans son intégralité, en reconnaissant l'importance de la préservation du caractère propre de la famille comme institution sociale fondamentale et de la communauté civile comme terreau de l'exercice de la vie collective dans le respect des droits universels, en premier lieu le droit à la vie de la conception à la fin naturelle. Le projet éducatif, l'École, ne peut édulcorer l'éducation morale et religieuse sans laquelle une juste compréhension de l'Éthique des droits humains ne peut être atteinte. En effet, l'exercice de la citoyenneté dans la vie publique, le le travail et l'engagement social repose sur un ensemble de lois et repères moraux qui puisent à une philosophie de la personne. Il est du devoir des parents d'être attentifs à l'enseignement moral dispensé à leurs enfants et d'intervenir dans le milieu éducatif de façon active et intéressée. Il est du devoir des institutions éducatives civiles, dans le cas où la volonté des parents est peu exprimée, de s'assurer d'un dialogue sincère avec eux dans l'éducation de leurs enfants.

Comme vous le savez, le Québec prend un tournant important en ce qui concerne l'Éducation nationale, où plutôt l'éducation qui relève des programmes ministériels (ce qui n'est pas forcément correspondant, la nation et l'État n'étant pas une seule et même substance...). En effet, le ministère de l'Éducation nationale souhaite valoriser une éducation plus vive de la citoyenneté, ce qui est louable. De plus, les modifications apportées au cadre juridique en ce qui concerne l'éducation morale et religieuse dans l'école publique, peuvent donner la couleur de la vision de l'État en ce qui concerne l'Éducation populaire. L'option choisie est celle du Laicisme comme philosophie, où l'Éthique de la vie civile est présentée dans une vision pluraliste, tolérante, ouverte, pour reprendre les mots à la mode du jour. Dans ce contexte, les familles chrétiennes ne peuvent plus compter sur la collaboration de l'École publique pour l'Éducation morale et religieuse de leurs enfants dans le respect de la foi et de la tradition de l'Église. Cela est un fait qui découle des modifications à la loi sur l'éducation qui prendra effet en 2008. Ils ne peuvent plus car le ministère de l'Éducation, qui gère l'École publique au Québec, refuse de reconnaître le droit des parents à l'option préférentielle dans la délivrance de l'enseignement moral et religieux à l'École. Le regroupement des écoles privées pourra continuer d'aménager raisonnablement son horaire pédagogique de façon à délivrer un enseignement moral à la lumière d'un enseignement religieux catholique /ou protestant..., en plus du nouveau programme généralisé d'Éthique et «culture religieuse», sorte de nouvelle panacée du pluralisme tolérant et relativiste (ce commentaire spontané est un peu rude).

Au plaisir de discuter à partir de ce texte sur un volet ou autre de la philosophie de l'éducation et le contexte du Québec.

jeudi 24 mai 2007

Reprenons la dance...

Pour reprendre un tout petit peu le débat sur une meilleure note (voir mon mea culpa en commentaire au texte de Philôme posté par Antoine), quand je critiquais sous forme de blague chelou l’anti-négociationnisme, ce n’était certainement pas pour tomber dans l’excès inverse de la négociation à tout crin… Les deux courants du mouvements étudiants sont en quelque part nécessaires parce qu’ils remplissent des tâches différentes. Je suis tout à fait d’accord avec Philôme qui dit qu’il n’y aurait pas eu de grève en 2005 si l’Assé n'avait pas été là. Seulement, je trouve un peu ridicule de la voir appeler à la grève générale illimitée à tous les 18 mois… mais une chance qu’elle existe, parce qu’une fois tous les 4 ou 6 appels à la grève, ça fonctionne et donne certains résultats!
Négociation ou grève, ce n’est toujours qu’une question de rapport de force, mais des fois, comme sur un champs de bataille, mieux vaut éviter l’affrontement s’il est pour nous coûter plus cher en vies perdues qu’en honneur gagné. Dans ces cas là, l’issue humiliante peut parfois ne pas être la pire.
Je pense pas mal qu’au bout du compte, ça n’a pas tellement d’importance le « syndicalisme de combat » ou non. Une position inutilement radicale (par rapport à un contexte donné) mène à la marginalisation, à ne pas être pris au sérieux, voire à la répression. Tandis qu’une position abusivement molle ou trop prompte à la concertation (par rapport à un autre contexte donné), ça conduit effectivement à se faire avoir. Mais tout ça, ce ne sont pas des recettes données a priori, il faut rester stratégique et pragmatique tout en gardant des aspirations élevées en fonction du champs de bataille politique.
Philôme disait « depuis que les gros syndicats se contentent de faire de la concertation », la situation des pauvres empire... De façon lapidaire, je dirais qu’on peut difficilement leur attribuer la responsabilité de la décroissance du niveau de vie des pauvres et autres bonnes gens. D’une part, parce qu’il y a eu de mégatransformations politico-économiques et que stratégies plus combatives ou pas, ils n’auraient pas eu de possibilité sérieuse de s’y opposer. D’autre part, dans bien des cas, des syndicats ultracombatifs, pas concertationnistes pour deux sous, ont subi certains des pires reculs des quarantes dernières années : notamment sous Reagan, Thatcher et Harris pour ne nommer que les plus connus (on aurait aussi pu ajouter Lévesque dans les années 80). Ce n’est pas une question d’être « tough », un gouvernement déterminé (ou contraint à l'être) ayant toujours les moyens de donner une volée à un mouvement social. Et de façon générale, la montée du néolibéralisme s’est faite au moment où les syndicats étaient encore assez fort. Leur affaiblissement (et replis vers des stratégies concertationnistes) est bien moins une cause qu’une conséquence.

Mais pour revenir sommairement sur la situation qui nous attend à l’automne prochain, dans la mesure où le rapport de force n’est a priori vraiment pas, mais tellement pas, mais d’aucune manière favorable au mouvement étudiant qui défenderait le gel de frais (alors imaginez la gratuité…), est-il vraiment nécessaire d’aller au combat si ce n’est que pour causer une hécatombe?
Dans le contexte politique actuel (i.e. les dernières élections provinciales et fédérales), ce que j’ai l’impression de constater, c’est que les discours des différentes gauches(des plus radicales aux plus molles) ne portent plus du tout. Non seulement il n’a plus d’audience dans la population, mais ils servent de répulsif.
Je n’ai aucune solution ou stratégie alternatives à proposer, mais je me sens flabergasté par l’horizon politique québécois au point où je me dis « WOOOOO!!! » Manifestement, les stratégies qu’on utilisait depuis un sacré bout de temps n’ont pas fonctionné (puisque l’ADQ est en voie de devenir le parti no 1 tandis que le pauv’ti parti « social-démocrate » qu’on a est marginalisé, et que QS ne pogne vraiment mais vraiment pas plus), je doute donc qu’elle se remette à fonctionner à moyen terme de par la seule magie du temps. C'est pourquoi, dans le contexte actuel, je sens le besoin de m'arrêter pour réfléchir et non pas celui de charger, tête baissée, pour le romantisme de la chose.

Bon, je m’arrête là. Et j’invite notamment les Pascale et Estelle de ce monde, qui avaient toutes deux terminé des messages en disant quelque chose comme « si vous voulez mon opinion je l’écrirai sur le blog », à passer à l’action, et j’invite toute autre personne intéressé qui ne s’est pas encore manifesté à faire de même!
Puissons-nous continuer à nous aimer, mais aussi à discuter!
Simon

lundi 21 mai 2007

Autorité, lutte sociale pour la justice, syndicalisme et État de Droit

Un texte de Jo:

Il est intéressant de voir à quel point une parole peut être interprétée
puis replacée dans le contexte d'une autre mise en forme du langage, de
façon à détourner l'horizon du lecteur en faveur de la défense d'une
idéologie. L'interprétation du sens est bien liée à la lunette du lecteur.
Le texte, l'auteur, et le lecteur. Nous projetons si souvent dans le texte
(ou dans la discussion orale), avec note lunette de lecteur, ce qui est dans
notre regard. Nous pouvons aussi facilement, de par l’interprétation de la
pensée de l’auteur (hors du texte), sauter par dessus le sens d'un texte
pour entrer dans le regard de l'auteur et prétendre y voir ce qui s'y
trouve. Ce genre de psychanalyse littéraire est souvent hasardeuse. Il est
souvent intéressant de faire un effort pour coller au texte, nous arrêter à
ce que le texte construit de sens. La disposition de dialogue, au sens de
«Dia-Logos», c'est à dire littéralement de «Parole qui traverse», implique
l'attention à cette parole, à cette parole signifiante qui traverse.

Non seulement dans mon analogie évoquant les jeux d'enfants, en l'occurrence
un jeu axé sur l'obéissance des enfants dans la construction d'une toute
banale mais combien signifiante maison de blocs legos, je ne visais aucune
catégorisation du type « Le gouvernement » versus « les combattants
syndicalistes », ou une évocation de la «concertation» rose-bonbon d'un
consensus mou de l'auto-construction consensuelle d'un quelquonque bateau
social. Ce qui est intéressant, pour moi comme lecteur, est de voir comment
ces paroles ont pu être interprétées, ce qui m'invite à considérer le
langage que j'emploie. Or, il me semblait assez clair que j'évoquais avant
tout l'attitude de contestation et de désobéissance dans un contexte
d'autorité. Oui oui, un contexte d’autorité bien réel, tangible, visible,
clair, on place dans mon intention cette catégorisation, ce qui signifie
qu'on prend mes paroles pour en donner un sens proprement empreint d'une
vision particulière, qui détone de ce que le texte construit. On appelle
cela une extraction volontaire du discours, repris à des fins idéologiques,
dans un concordisme (c'est à dire l'art de faire concorder à ses vues et
prétentions le langage de l'autre. En tout respect pour Philôme qui a cru y
reconnaître une sorte d'interprétation socio-politique du lien entre la
lutte sociale et «le gouvernement». Je souhaitais présenter surtout
l'attitude de contestation et de protestation dans un contexte d'autorité.
Le prof qui dirige, les élèves qui obéissent aux instructions. Alors, est-ce
que c'est l'obéissance qui serait devenue l'utopie, la vie en rose ?
Serions-nous si empreint d'une structuration de la désobéissance civile, du
refus de l'exercice de l'autorité, que l'obéissance d'un enfant à un prof
apparaît comme une vision romanesque de la vie en communauté ? J'essaie de
comprendre. Mais je reviens sur un point. Alors que mon discours
construisais justement une certaine analogie de la relation d'obéissance en
contexte d'autorité, la Concertation qui est critiquée par Philôme (avec
raison à mon sens) et qui semble appliquée au mouvement syndical, ne
mériterait-elle pas justement un approfondissement du rapport à l'autorité
dans les institutions ? Ce qui comprend les groupes syndicaux, les
entreprises, les ministères étatiques. Il est facile de tomber dans ce
fameux piège de cette pseudo-lutte entre le syndicalisme combatif et «le
gouvernement». C'est perdre de vue que l'État de Droit et le mouvement
syndical, dans ces fondements et origines, mène une lutte commune pour la
justice sociale. Du moins, si nous parlions du combat envers les «méchants
exploiteurs capitalistes», je serais déjà plus à l'aise, du moins car il est
vrai que l'État de Droit et le syndicalisme, parce qu'ils sont ancrés dans
la défense des droits humains inaliénables, mènent une lutte à la fois
juridique et politique face aux forces destructrices de la civilisation (au
sens de dynamique d'instauration de droit civil).

J'espère que se lèveront des témoins audacieux, capables d'agir dans la
défense du Droit, principalement au service de ceux qui ont le plus besoin
d'assistance, de soutien ! Cela ne se fera pas sans l'ordre, sans la
cohérence des luttes pour la justice, cohérence qui implique l'arrêt des
viles divisions sociales entre groupes syndicaux et l'État. Or, il faudrait
peut-être se souvenir de nos racines. Je reconnais la légitimité de la
désobéissance civile, et j'accepterais d'être illégal en certaines
circonstances, car certaines lois actuelles du Québec sont à mon sens
illégitimes et immorales, or je défend tout de même l'État de Droit. Ce qui
implique le dialogue (et non pas une sorte de concertation qui peut être en
effet stagnante comme on l'a dit). Or un dialogue cohérent se réalise entre
des parties dans un contexte d'autorité réel. Et dans bien des cas
l'obéissance est de mise (sauf lorsque la conscience morale y est aliénée).
Alors, c'est simple : Que ceux qui veulent obéir à leurs chefs y obéissent.

Ya de quoi continuer à discuter les gars non ? Sans rancune, à bientot
j'espère.

RE: Grève, négo et radicaux

Un texte de Philôme:

Simon, je croyais qu'on laverait pas notre linge sale en public...
Mais puisque tu y tiens.

En fait, j'ai absolument rien contre la négo. Quand je dis des
généralité comme
"la concertation ne permettrait jamais qu'à aménager la manière dont
on se fera fourrer," je réponds essentiellement à la vision rose
bonbon qui a été présentée par Jonathan et qui proposait à l'ASSÉ de
jouer au légos avec le gouvernement, bref "on construit tous et toutes
ensembles ce beau navire sur lequel nous naviguons. Tu sais très bien
Simon que si l'ASSÉ se contentait de siéger sur des comités comme le
fait trop souvent la FECQ, il n'y en aurait pas eu de grève générale
illimitée en 2005. Tu sais très bien également que depuis que les gros
syndicats se contentent de faire de la concertation (en plus de se
concentrer sur des enjeux corporatistes plutôt que sur la défense de
l'intérêt de l'ensemble des travailleurs et des travailleuses), la
situation socio-économique des plus pauvres est en pleine régression
et celle de la classe moyenne stagne.

Oui, ça prend un rapport de force avec le gouvernement pour obtenir
des gains substantiels. Oui, ça prend un syndicalisme combatif. Oui,
ça prend des rêves et des vues globales sur la société dans laquelle
on veut vivre. Ceci dit, je suis entièrement d'accord avec le propos
d'Antoine sur le fait que l'ASSÉ s'intéresse plus dans cette grève à
construire son organisation et à défendre justement ce syndicalisme de
combat qu'à défendre l'éducation universelle comme telle.

Bon, maintenant je vais me permettre de taper un peu sur toi pour la
seule et unique raison que tu t'amuses bien toi aussi à me taper
dessus en public. Si je suis immature comme tu le dis, toi tu es
câlicement vieux jeu. Ou alors, tu es l'exemble parfait de la fameuse
maturité politique qu'on acquiert en vieillissant et qui consiste à
nous faire virer à tribord toute. Et voilà, c'était gratuit, mais ça
réflétait bien l'ensemble de ta critique de ma position...

En vous r'merciant,

Philôme

Grève, négo et radicaux

Un texte de Simon:

depuis un bon bout, j'abonde dans le sens d'Antoine et et il apparait évident que cette grève aura assurément lieu dans un nombre éminement restreint d'institutions d'enseignement, menée par un couple d'assos militantes ultras crinquées, et totalement dépourvu d'appuis élargis face à un gouvernement backé par l'opposition, les faiseux d'idées et l'opinion publique... Pire qu'un fiasco, ce sera un crêpe totale, rien de rien de rien de rien de résultats...
Par ailleurs, la négo - qui ne sert pas uniquement à se faire fourer (t'es tellement immature Philôme...) - est justement utile dans ces cas où l'action directe et "radicale" est vouée à une échec total...
Simon

samedi 12 mai 2007

" On va manger une raclée! "

Pour rajouter de l'ostinage sur l'huile du feu...

On critique l'ASSÉ sur son avant-gardisme. Plus je médite sur ce qu'a écrit Zym, plus je suis d'accord. Contrairement à lui, je m'en fous que l'ASSÉ déclare "déclencher la grève" 6 mois avant la première barricade. Cependant, je crois qu'il a raison quand il dit que le mouvement étudiant, c'est des gangs qui se cachent derrière des AG plus ou moins représentatives.

ASSÉ plus proche de la base que les FECQ-FEUQ? En fait, c'est facile de convaincre une trentaine de personnes de voter pour la grève dans un Congrès spécial sur la grève. C'est un peu plus tordu de convaincre une trentaine de personnes dans un AG au mois d'avril de prendre un "mandat de grève". Le vrai défi consiste à faire déclencher une grève avec une AG de 1000 personnes. Et encore... la vrai question est de savoir si la grève peut s'étendre à l'extérieur des poches de radicalité, c'est-à-dire dans plus de trente cégeps et dans les universités de toutes les régions.

Je suis enthousiaste de voir des grosses manifs pour la gratuité scolaire, de voir l'ASSÉ qui décide de résister et de lancer des appels démesurés à la grève sociale généralisée. Cependant, croire que la gratuité scolaire peut advenir par une grève étudiante devant un gouvernement PLQ-ADQ, c'est de rêver un peu fort. Je ne parle plus de l'idée juste, de la récupération ou du syndicalisme de combat, j'aimerais qu'on parle de stratégie. La jeunesse doit sans doute "exiger l'impossible". Seulement, y'a des spectres qui rôdent dans la gauche étudiante depuis des lunes. Eux, ils n'ont pas d'excuses pour ne pas apprendre de leurs erreurs.

Elle est où la CASSÉE? L'Assemblée étudiante? La revendication unitaire? L'ASSÉ ne gagnera rien si elle pense pouvoir lutter sur la base de ses 40 000 membres et ses 40 militantes et militants. Par pur acharnement dogmatique, y'a des bornés qui vont saborder la seule force combative pouvant déclencher un mouvement combatif pour le droit à l'éducation. Et cela, dans le but d'avoir une porte-parole qui porte des dreads, de sauvegarder leurs plantes-bandes anarcho-maoïstes et leur carré de sable sur Berri-Ste-Catherine.

D'un point de vue plus politologique, il y a d'autres raisons pourquoi le mouvement étudiant québécois va manger une raclée. On est en train de perdre la guerre de idées. D'abord, les "esprits raisonnables" qui font des analyses dans nos médias ont depuis longtemps choisi leur camp: le dégel. De ce fait, la population québécoise est divisée sur la question, contrairement à 2005, où elle appuyait la lutte pour les prêts et bourses. Uniquement des médias bourgeois? En février, le caucus de la CADEUL a adopté majoritairement la position de l'indexation des frais de scolarité. Il a fallu une Assemblée générale pour renverser la décision (sauvé-e-s par la démocratie!). Cela montre une chose: dans les trois quarts des facultés de l'Université Laval, on part à -10. Cela inclut des facultés qui ont fait la grève en 2005, comme médecine ou littérature.

De manière plus générale, le mouvement social s'est écrasé et n'a jamais réussi à sortir du "Charest-patatouf". Pour plusieurs raisons, la gauche est embourbée dans une position consensuelle du "faut faire attention aux pauvres". De ce fait, on entre dans la logique des solutions positives et la promotion des avantages économiques des "programmes sociaux". Les argumentaires du type "quel pourcentage de jeunes du cinquième sous-quintile fréquentent les cours avec ou non une bourse pondérée au rendement scolaire" ça mène nulle part. Pas plus que "la productivité et le niveau des salaires des générations futures du Québec seront compétitifs si elles sont éduquées supérieurement".

On va manger un raclée parce qu'on ne sait plus défendre la société, on ne lutte que pour des causes. Les 130 millions, c'était défendre la cause des étudiants "les plus pauvres", la gratuité scolaire (ou le gel par défaut) c'est défendre la société.

J'ai hâte qu'on mette la table pour qu'on puisse enfin parler à partir de la gauche. Au-delà des statistiques, l'important demeure l'universalité de l'éducation, l'équité et la lutte sociale. S'adresser aux futurs travailleurs et travailleuses (et aux actuelles)! Est-ce trop compliqué de parler des salaires qui ne cessent de baisser même chez les futurs diplômés? Que les dettes d'études vont aggraver le problème? Que de vendre son capital humain ne sert que les pouvoirs financiers qui nous mettent en compétition les uns les autres pour s'approprier le savoir? Qu'avant d'être une couleur, l'écologie c'est de vivre en équilibre dans son milieu, ce qui inclut son milieu social.

Comme d'habitude, je replace le débat sur le plancher austère de la rationalité, désolé. En attendant vos commentaires...

L'ASSÉ, la future grève et le débat

Pour lancer le débat, voici le commentaire de Zym...
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Yes! de la bagarre!! Philôme, t'es qu'un sale social-traitre à la cause duprolétariat urbain que t'as abandonné... Si tu reviensà Montréal, m'a te mettre du pudding dans'face pis undoigt mouillé dans l'oreille!"Alors avant de parler d'usurpation ou de démarcheanti-démocratique, j'inviterais ceux que ça concerne àaller à leurs assemblées générales." Yé pas là le point pantoute! Je ne me scandalise pas parce que quelqu'un a pris unedécision qui me concerne sans me demander mon avis.Personnellement, ça ne me traumatise du tout pasqu'une direction nationale (ou un quelconque organecentral) prenne une décision sans nécessairement avoirdemandé l'avis de tout un chacun, c'est son rôle! Ce que je trouve drôle parfois mais qui, le plussouvent, m'énarve, c'est d'entendre tous ces asséistesdéchirer leur chemises tissées de fils 100% puretéidéologique pour dénoncer l'anti-démocratisme desFEUQ/FECQ alors que dans les faits, les décisionsprises à l'ASSÉ n'ont pas unereprésentativité/légitimité bien plus large ou réelleque celle des fédés. On peut bien se cacher derrière une structure qui ditqu'au bout du compte, ce sont les AG locales quidécident, dans les faits c'est toujours une questionde gang qui domine ces mêmes AG: c-à-dire qu'elle abeau ne pas être formalisé, il y a toujours unedirection politique qui domine et une répartitioninégale du pouvoir d'influencer sur cette AG. Ça veut pas dire que les AG pis les processusdémocratiques c'est n'importe quoi et qu'il n'y a pasde possibilité d'exercice réelle de la démocratie dansces instances. Faut juste pas se conter de menteriesur le fait que dans les assos membres de l'ASSÉ, ceserait le vrai prolétariat étudiant qui décide tandisqu'à la FEUQ, ça ne serait qu'une toute petite cliquedu bureaucrate carriériste autoritaire. Par exemple,si on prend en compte la majorité des décisions quisont prises à l'AFESH vs à la CADEUL, je crois qu'iln'y a pas plus de gens impliqués d'un côté ou del'autre: on me corrigera si je me trompe (j'avoue! jen'y vais pas souvent), mais n'est-ce pas environ unetrentaine de personne qui vont régulièrement aux AG del'AFESH? À l'U. Laval, le conseil d'administration dela CADEUL contient 33 personnes(et ne compte pas lecaucus des assos qui implique entre 50 et 70personnes). C'est pas tellement pluche...(me sembleque je va réveiller le Morais à parler de la CADEUL)Mais je m'éloigne de l'assé... Pour y revenir, jedirai seulement que si St-Lo, l'AFESH, Sherbrooke pistout le bataclan ont pris des résolutions de grève, çane fait que témoigner de ce que je viens de dire. Il ya peut-être eu des bons taux de participations à cesAG (allez savoir...), il n'empêche que les petitesgangs qui les dominaient ont pris une décision au nomde l'ensemble des étudiants.Le camarade LaFrance dit: "L'AFESH aussi à tenu une AGsur la question. Habituellement, c'est comme ça que çafonctionne à l'ASSÉ." Et bien co-prolétaire, tu serassurpris d'apprendre que rien ne permet à la FEUQ nonplus de déclencher une grève sans l'avis de sesmembres!POur ce qui est de l'affaire de montréalocentrisme, jen'allais pas du tout là, moi. Je dirais même que siplus de décisions ne se prenaient qu'à Montréal, ellesen seraient sûrement meilleures. Ça me semble évident.Quant aux gnugnunneries de concertation (je sais paspar contre où t'as pris ça camarade) qui ne fontqu'aménager le fourrage, je ne ferais que mettre unpeu de fuel sur la camaro qui brûle en disant que çarelève d'une vision primaire et manichéenne desrapports politiques du genre "tout ou rien", comme sile but recherché de l'adversaire était de te fourrerd'abord et avant tout. Simon (qui a le plus le goût de mettre la marde que decorriger des mauvaises copies d'examen)

Simon

vendredi 11 mai 2007

Unipopée dans les carnets du cyberespace

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