mardi 12 juin 2007

Le Mariage en Corée


Ci-dessous, le message de Nicolas concernant son expérience de mariage en Corée (les parties "carnet de voyage" ont été coupées) :

Salut les ami-es, la famille!

Voici quelques nouvelles du jour et impressions de
Corée.

[...]

En fin de semaine, j'ai été à la cérémonie de marriage
de mes ami-es. Ji-hyeok, avec qui j'ai habité à
Montréal et ici à Séoul jusqu'à l'automne, se mariait.
Les cérémonies de marriage en Corée (c'était ma
deuxième) me semblent un peu bizarre parce qu'elles
sont, selon ce que j'ai vu, comme un produit
commercial, avec beaucoup d'emballage. C'est comme si
elles étaient "à l'occidentale" sans être profondément
"occidentale", mais seulement "occidentale" de
surface, Bon, qui suis-je pour prétendre connaître ce
que le "véritable" Occident et juger la culture
coréenne moderne qui, comme toute les cultures, évolue
en empruntant aux autres cultures et les transformant
à sa manière? Non, vraiment, je ne peux pas juger.
C'était une cérémonie tout à fait coréenne, si telle
chose existe. Mais, ce que je veux dire, c'est que,
pour quelconques raisons, incluant mes préjugés, j'ai
eu cette impression de superficialité, d'un manque de
sens original. Ille y a quand même de quoi être
conscient pourquoi on adopte certains comportements.
Les cérémonies que j'ai vues ont eu lieu dans des
"halles de marriage" comme on en voit beaucoup dans
les villes. Le halle où nous étions samedi était comme
un supermarché du marriage. Au premier étage, ille y
avait des magasins qui vendaient des voyages de noces,
des vêtements de marriage, etc. Au 3e étage, c'était
la salle de buffet. Puisque mes ami-es avaient réservé
une des salles de marriage pour environ une heure, de
3 heure à 4 heure, et que l'autobus nolisé retournait
à Séoul immédiatement après (nous étions à plus de 5
heures de route de Séoul), nous avions quelques
minutes (20-30minutes) avant la cérémonie pour manger.
Comme d'autres marriages ont lieu dans le même
complexe, la salle de buffet est remplie de gens qui,
pour la plupart, ne semblaient pas se connaître ni en
avoir l'intention. On s'est servi et on s'est assis
avec quelques personnes qu'on connaissait et/ou qui
semblaient être de notre groupe. Je ne sais pas où
étaient les autres de notre groupe. Ce n'est peut-être
pas toujours ainsi mais c'était vraiment un ambiance
moche et anonyme. Face à une assiette presque pleine
laissée par mon voisin de table que j'ai décidé de
manger, Ho-yeon et moi sommes entrés environ 15
minutes en retard dans la salle de marriage et s'était
presque fini. Ille y a eu le geste symbolique du
coupage du gâteau avec un couteau long comme une épée,
un gâteau à trois étages dont seulement le dernier
n'était pas du plastique, que je n'ai vu personne
mangé. Les marié-es étaient habillé-es très chics,
tout de blanc, l'homme avec un genre de complet
smoking pingouin, la femme dans la grande robe longue
blanche. La salle était bien décorée avec plein de
fleurs. Un ami du couple lui a chanté une chanson puis
mon ami le marié a lui-même chanté pour sa mariée. La
plupart des Coréen-nes chantent bien. On a pris plein
de photos. Ille y avait des photographes
professionnels qui dirigaient ce qui semblait être
presqu'avant tout une session de photo. Le bouquet a
été lancée à une amie qui se marie prochainement.

La plupart des invités au marriage donne de l'argent
dans des enveloppes. La mère de la mariée était très
reconnaissante que je fasse un tel don et on m'a remis
une enveloppe, comme à tou-tes les contribuables. Dans
cette enveloppe, ille y avait de l'argent (!
intéresant concept d'échange!) et un message qui me
remerciait dans des termes ultra polis de ma présence
et contribution. Étudiant ce texte avec Ho-yeon, j'ai
appris de nouvelles manières de conjuguer les verbes
pour exprimer la politesse. Formes rares, très
littéraires. J'ai pu y lire que les hôtes seront très
reconnaissant-es si je veux bien les inviter à une des
grandes cérémonies de mes proches (marriage, premier
anniversaire d'un de mes enfants, soixantième
anniversaire d'un de mes parents ou funéraille) afin
qu'illes puissent me rembourser la dette (morale)
qu'illes ont contractée envers moi. Ille est comique
d'imaginer leur réaction si je les contacte en leur
disant: "Je peux enfin vous offrir la chance de vous
libérer de cette dette. Venez à ... de ma famille, à
Québec le mois prochain."

[...]

De retour à notre histoire de marriage. Environ 1
heure et demie après être descendu-es de l'autobus
nolisé, les passager-es repartirent pour le trajet
long de plusieurs heures qui les ramenerait a Seoul.
La famille et quelques personnes restèrent pour une
deuxième cérémonie, dans une autre salle: la cérémonie
de marriage traditionnel coréen. Les marié-es enfilent
alors les vêtements qui étaient en tout autre occasion
réservés au roi et à la reine uniquement et recoivent
les conseils et voeux de quelques proches, autour
d'une table basse où sont posés des fruits et gâteries
et où on boit cérémonieusement un alcool arômatisé au
ginseng dans des petits verres. Probablement au cause
de l'ambiance beaucoup plus personnelle et moins
"contrefaîte", j'ai beaucoup plus apprécié cette
cérémonie. En effet, moi et Ho-yeon ne sommes pas
remonté-es à bord de l'autobus. Nous sommes restés
puis avons fuit ensemble vers la mer à Pusan.

[...]

Et vous, que pensez-vous du marriage? L'avez-vous
fait? Le ferez-vous? J'avoue n'avoir été qu'à un seul
marriage à l'extérieur de la Corée, au Québec.
L'aspect commercial et conformiste de certains
marriages, de même que certaines idées sur le
"couple", me dégoûte profondément, de même que l'idée
qu'une institution, qu'un contrat puisse "garantir"
l'amour ou du moins la sécurité. Ille me semble tout
de même qu'ille peut y avoir quelque chose de beau
dans la célébration de l'amour et de l'engagement
(dans la mesure où on peut s'engager face à un avenir
qui doit être incertain pour permettre d'y vivre en y
donnant un sens). Avez-vous participé à de telles
célébrations?

Sur ce questionnement
Salut
Nicolas

7 commentaires:

Mag a dit...

Le mariage auquel tu as assisté me semble effectivement plutôt extrême en matière de "consumérisme de l'engagement"; je ne crois pas que ce genre d'organisation expéditive soit la norme ici. On retrouve cependant un modèle "mainstream" d'événement qui fait que le mariage traditionnel est une suite d'étapes anonymes qui, personnellement, ne m'interpelle pas du tout.

Le mariage est à la base un geste religieux (au moment où j'écris, je suis persuadée que Jo a déjà rédigé 5 pages sur le sujet) et souvent conventionnel que plusieurs personnes font "parce que c'est comme ça qu'il faut faire". Une sorte d'obligation morale et traditionnelle qui prévaut encore beaucoup de nos jours, si on veut. C'est ce qui fait que les mariages classiques n'ont pas beaucoup, selon moi, de réelle signification, car les amoureux n'osent et ne pensent (ce qui est pire) que très rarement à s'approprier la cérémonie pour la faire à leur image. Elle demeure souvent un événement prêt-à-consommer selon un modèle pré-établi, un rite inscrit dans le cours des choses.

Je crois cependant que le mariage peut représenter une opportunité unique pour deux personnes d'affirmer publiquement leur amour et leur engagement profond l'un envers l'autre. "Hey, le monde, on s'Aime et on veut partager notre Bonheur avec vous, car on vous aime itou !! " À ce titre, le mariage est un événement que je respecte énormément.

J'ai assisté à 5 mariages complètement différents au cours des dernières années:

1- Le mariage de ma mère et de son conjoint, pour souligner leur amour après vingt ans de vie commune.

Un mariage au Palais de Justice, endroit froid et austère que je ne trouve pas particulièrement agréable pour ce type d'événement. Heureusement, on n'y est pas restés longtemps et toute la famille et amis se sont rendus dans un camp dans le fond du bois, pour manger au son de l'accordéon (l'accordéonniste, c'était le dada de ma mère). Le party était ce qu'il y avait de plus important, tout le monde a bu et rigolé et le cadeau de mariage demandé était de rester dormir au camp, en gang dans un dortoir. Belle nuit de noces!

2- Le mariage d'une amie chilienne avec un pasteur luthérien allemand à l'église anglicane de Québec.

Compte tenu du statut du mari et du fait que le mariage du pasteur était l'Événement dans la communauté anglicane, la cérémonie s'est déroulée en quatre langues et en toute spiritualité, dans l'ouverture qui prévaut dans l'Église luthérienne. Suivait un petit lunch préparé par les membres de la communauté, puis la famille et les amis proches étaient conviés à un tour de bateau mouche pour enfin souper dans une auberge de l'ïle d'orléans. Bref, un mariage qui alliait la spiritualité du geste aux goûts et aux personnalités des mariés, c'était super.

3 et 4- Deux mariages conventionnels

Deux mariages très conventionnels à l'église, avec robes blanches et dames d'honneur habillées pareil, limousine pour les mariés, champagne, salle louée pour l'occasion, lancer du bouquet, jarretière, table d'honneur, DJ Quétaine (le connaissez-vous? il est dans tous les mariages), etc. Bref, le type de cérémonie qu'on voit le plus régulièrement. Tout ce que j'ai entendu dans les temps précédant l'événement était que ça prenait un temps fou, que ça coûtait terriblement cher, que c'était compliqué de contenter toutes les cousines et les matantes, etc. Même si je conçois qu'il s'agisse d'un événement important pour les mariés, je n'arrive pas à y voir une signification réellement authentique tant ce modèle semble pré-fabriqué. J'ai l'impression que la lourdeur de se plier à ce modèle balaie toute l'intensité qu'on souhaiterait y voir et que, finalement, "c'est le plus beau jour de sa vie" pcq les soucis de l'organisation sont enfin finis. Mais je peux me tromper...

5- Cérémonie d'amour surprise au Musée des Beaux-Arts

Mon préféré. Deux amis qui invitent à une cérémonie en l'honneur de leur Amour, qui s'avère finalement être un mariage civil qu'une amie proche est habiletée à officialiser (il est maintenant possible de donner ce droit à presque n'importe qui, je trouve ça merveilleux!). Seulement des amis et de la famille triés sur le volet, les invités se chargeant de l'animation et de la musique et présentant des petits numéros préparés d'avance au cours de la soirée. La déco et des petits cadeaux hyper originaux sont faits par les mariés, de même que les biscuits bio "trip bouffe" de fin de soirée! Wow! Ça c'était pour moi un mariage véritablement authentique, une vraie célébration d'un engagement réciproque parmi les gens qui nous sont chers.

Alors voilà : va pour le mariage, mais il s'agit avant tout pour moi d'un acte d'engagement public authentique. Pour être réussi, il ne doit pas être impérativement religieux ou répondre à un modèle précis comme semblent le croire plusieurs, mais il doit avant tout être à l'image des amoureux. D'une certaine façon, un gros party ferait l'affaire!... Mais la différence avec un mariage, c'est l'engagement qu'il représente. Et je conçois tout à fait que l'on souhaite, de cette façon, exprimer à ceux qui nous entourent qu'on a trouvé en cette personne X celui ou celle avec qui on souhaite partager sa vie.

D'autre part, une relation d'engagement qui n'est pas liée par le mariage n'est pas moins sérieuse ou profonde...

Beizerno a dit...

Youhou! Des nouveaux et des nouvelles parmi nous sur le blog!

"Mariage" Pour moi, ça ne veut pas dire grand chose... ou de trop grande chose! Peut-être est-ce dû à ma situation de fils issu d'une union libre entre un père catholique et un mère athée. Mon père a déjà demandé ma mère en mariage: "OK, mais on fait pas ça à l'église!" a dit maman; "Si c'est au frette palais de justice, ça vaut rien" a répondu papa.

Donc voilà: d'un côté, je crois que le mariage est un rite de passage. Et comme TOUT rite de passage, il doit respecter un code, une tradition, un sens partagé. Pour cela, je respecte beaucoup les mariages "normaux" car leur banalité exprime un sens, une communauté, une transcendance, une grande croyance dans des Valeurs qui dépassent l'humain, je sais pas. Les mariages hyper-individualistes qui ne sont compris que par les stricts amis intimes... pour moi ça veut rien dire.

De l'autre côté, comme maman, je me méfie comme la peste des institutions traditionnelles qui reproduisent des rapports d'injustice et des dogmes. Célébrer des prières incomprises avec des prêtres conservateurs, ou faire des grosses dépenses inutiles pour des fantaisies et des kétaineries jetables... Du pareil au même.

Mais au-delà de la cérémonie comme telle, on n'oublie aujourd'hui de parler du "Mariage" et on parle que de "cérémonie de mariage". Je ne peux pas m'enlever de la tête que cette institution patriarcale est d'abord été créée et formalisée en Occident pour soumettre une femme à la volonté (et la propriété) d'un homme. Oui, on a changé la loi, et aujourd'hui le mariage est égalitaire. N'empêche: pourquoi encadré la liberté d'union de 2 personnes par des obligations juridiques, le patrimoine économique et tout le pataclan.

L'union de 2 personnes et la fondation d'une "famille" est un acte quotidien, un amour qui se décline au présent et se conçoit dans un projet d'avenir. Un gros party ne changera absolument rien à la construction de ce projet.

Manu a dit...

pour ma part, je demeure ambivalent (ça simon ça veut dire un mixte entre amphibien et polyvalente).

Je ne vois pas de rapport de domination dans la relation familliale du couple marié. Pour des individus normaux et équilibrés, la relation de couple/ maritale est bien plus une relation de don de soi que de propriété de l'autre. Je ne crois pas que le couple serve à asservir la femme, dans la société.
La grande majorité des mamifères, des oiseaux forment des couples permanent. Génétiquement, la reproduction à deux permet de protéger quasi intacte l'adn, tout au long des millénaires.

Par contre, la société peu avoir formé le mariage pour limiter la confusion et le chaos interne, lié à la «propriété» des enfants. mais encore là, le plus souvent, c'est le groupe qui s'occuppe des kids... ou encore pour s'attacher les hommes et les empêcher d'aller guerroyer partout.

plus profondement, pour moi la relation amoureuse est une relation sacrée. la célébration de cette relation ne devrait-elle pas l'être tout autant ?

Beizerno a dit...

L'exemple des animaux est boiteux. Le "couple stable" est l'exception et non la règle, surtout chez les mammifères. Mais, j'aime pas que nous nous comparions à des animaux.
Les communautés humaines ont développés des dizaines de traditions matrimoniales à travers les époques et les ethnies: monogamie chrétienne, vie communale, polygynie (plusieurs femmes pour un homme), et même, quoique très rare, la polyandrie (l'inverse).

Manu a dit...

Eille Beizermo, ça va faire d'avoir raison de minme! wow monsieur (l'anonyme) c'est pas parce que ma petite vérification sur google avec les mots «couple chez les mamifères» te donne immédiatement raison, que je va arrêter de m'ostiner... oh que non...
en fait, c'est chez les oiseaux qu'il y a couple permanent.

Jonathan a dit...

Vous le savez, comme croyant en Jésus-Christ, ayant grandi dans la foi catholique reçue comme Don gratuit (grâce) au Baptême dans la continuité de la tradition et du témoignage de vie chrétienne de mes aieux, j'ai forcément une réflexion sur l'union de l'homme et de la femme dans la vie de l'Église et du monde de ce temps. C'est celle-ci que je vous partage. Mes grands parents, qui fêtent cette année 62 ans de mariage comme doyens de la paroisse de Ste-Hélène de Kamouraska, reviennent à mon esprit comme emblème de cette tradition spirituelle. Ils sont assurément pour moi un modèle et je dois beaucoup de ma pauvre vocation à leur âme priante et leurs actes d’Amour dévoué ; comme à tant d'autres d'ailleurs qui autour de moi témoignent de la beauté de l’Amour humain qui puise à l’Amour du Christ la source vive de la Vie.

C'est avant tout le fondement théologique du sacrement du Mariage que je souhaite expliciter avec vous, laissant à d'autres le soin d'interpréter les différentes formes de cérémonies selon les rites autres que catholique et les dimensions sociologiques, économiques etc. des célébrations.

Pour nous catholiques, Le mariage n’est pas une institution purement humaine, politique ou juridique, malgré les variations nombreuses qu’il a pu subir au cours des siècles, dans les différentes cultures, structures sociales et attitudes spirituelles. Ces diversités ne doivent pas faire oublier les traits communs et permanents. Bien que la dignité de cette institution ne transparaisse pas partout avec la même clarté, il existe cependant dans toutes les cultures un certain sens pour la grandeur de l’union matrimoniale. Même dans les contextes de polygamie, ou à l'extrême dans les groupes sectaires où le culte orgiaque, l'adultère et les différentes perversions du lien matrimonial sont élevés au rang de cultes sociaux, demeure vivante cette interpellation de la loi naturelle. La maladie ; mentale et physiologique généralisée, habituellement le rappelle... Car nous ne nous séparons pas de cette loi inscrite dans l'ordre de la création sans briser, en nous et autour de nous, l'harmonie des relations. Nous sommes des personnes, des êtres relationnels.

Le mariage est une réalité humaine, une institution naturelle qui précède les systèmes sociaux, juridiques et religieux. Le mariage entre une femme et un homme constitue un bien unique pour toute société. Par son rôle fondamental et irremplaçable, il construit les sociétés et les civilisations. La valeur sociale du mariage vient de son rôle comme pierre d’assise assurant la stabilité de la famille, cellule de base de la société. " Car le bien-être de la personne et de la société est étroitement lié à la prospérité de la communauté conjugale et familiale " (GS 47, § 1).

L'union conjugale sous l'Ancienne Alliance avec le Peuple d'Israel :

La conscience morale concernant l’unité et l’indissolubilité du mariage s’est développée sous la pédagogie de la Loi ancienne. C'est une nouveauté proprement Biblique, au sens où elle émerge au coeur de l'histoire des Fils d'Abraham, d'Isaac et de Jacob ; La polygamie des patriarches et des rois n’est pas encore explicitement critiquée. Cependant, la Loi donnée à Moïse vise à protéger la femme contre l’arbitraire d’une domination par l’homme, même si elle porte aussi, selon la parole du Seigneur, les traces de " la dureté du cœur " de l’homme en raison de laquelle Moïse a permis la répudiation de la femme (cf. Mt 19, 8 ; Dt 24, 1). En voyant l’Alliance de Dieu avec Israël sous l’image d’un amour conjugal exclusif et fidèle (cf. Os 1-3 ; Is 54 ; 62 ; Jr 2-3 ; 31 ; Ez 16 ; 23), les prophètes ont préparé la conscience du Peuple à une intelligence approfondie de l’unicité et de l’indissolubilité du mariage (cf. Ml 2, 13-17). Les livres de Ruth et de Tobie donnent des témoignages émouvants du sens élevé du mariage, de la fidélité et de la tendresse des époux. La Tradition a toujours vu dans la poésie du Cantique des Cantiques une expression unique de l’amour humain en tant qu’il est reflet de l’amour de Dieu, amour " fort comme la mort " que " les torrents d’eau ne peuvent éteindre " (Ct 8, 6-7).

La prédication du Christ et la Nouvelle Alliance :

Dans sa prédication, Jésus a enseigné sans équivoque le sens originel de l’union de l’homme et de la femme, telle que le Créateur l’a voulue au commencement : la permission, donnée par Moïse, de répudier sa femme, était une concession à la dureté du cœur (cf. Mt 19, 8) ; l’union matrimoniale de l’homme et de la femme est indissoluble : Dieu lui-même l’a conclue : " Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni " (Mt 19, 6). Cette insistance sans équivoque sur l’indissolubilité du lien matrimonial a pu laisser perplexe et apparaître comme une exigence irréalisable (cf. Mt 19, 10). Pourtant Jésus n’a pas chargé les époux d’un fardeau impossible à porter et trop lourd (cf. Mt 11, 29-30), plus pesant que la Loi de Moïse. En venant rétablir l’ordre initial de la création perturbé par le péché, il donne lui-même la force et la grâce pour vivre le mariage dans la dimension nouvelle du Règne de Dieu. C’est en suivant le Christ, en renonçant à eux-mêmes, en prenant leurs croix sur eux (cf. Mc 8, 34) que les époux pourront " comprendre " (cf. Mt 19, 11) le sens originel du mariage et le vivre avec l’aide du Christ. Cette grâce du Mariage chrétien est un fruit de la Croix victorieuse du Christ, source de toute vie chrétienne.

C’est ce que l’Apôtre Paul fait saisir en disant : " Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’Église ; il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier " (Ep 5, 25-26), en ajoutant aussitôt : " ’Voici donc que l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront qu’une seule chair’ : ce mystère est de grande portée ; je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église " (Ep 5, 31-32).

Qu'à donc de spécifique le mariage chrétien ? C'est qu'il est Sacrement.

Notons tout d’abord que le mariage, considéré indépendamment du sacrement, n’est pas un contrat semblable aux autres contrats. Alors que les contrats ordinaires peuvent être révoqués par le consentement des parties contractantes, le mariage implique un engagement définitif que rien ne pourra briser, sinon la mort de l’un des conjoints. La loi civile, malgré ses prétentions, n’a aucun pouvoir direct sur le lien conjugal, lequel dépend uniquement de la libre volonté des contractants. Ce n’est donc pas l’officier civil qui marie les conjoints, mais eux-mêmes qui restent seuls responsables de leur détermination. L’officier d’état civil, le maire ou juge dans l’occurrence, se contente de constater l’existence et la validité du contrat afin d’en tirer les conséquences qui en résultent, notamment en ce qui concerne les biens des époux, leur situation juridique et celle des enfants. Ayant constaté le mariage, la société civile est tenue de protéger la société familiale qui vient de se fonder et d’intervenir au cas où il y aurait lieu de suppléer aux défaillances et aux abus toujours possibles des parents. (Principe de Subsidiarité)

C’est donc par un excès de pouvoir que la société civile s’est arrogé le droit de faire et de défaire les mariages à l'infini.

Revenons à la définition catholique du Mariage :

" L’alliance matrimoniale, par laquelle un homme et une femme constituent entre eux une communauté de toute la vie, ordonnée par son caractère naturel au bien des conjoints ainsi qu’à la génération et à l’éducation des enfants, a été élevée entre baptisés par le Christ Seigneur à la dignité de sacrement " (Canon. 1055)

Qu'est-ce qu'un sacrement ? C'est un signe visible (geste et parole) de la grâce de Dieu. L’Eglise catholique reconnaît 7 sacrements qui s’appuient sur des gestes et des paroles de Jésus-Christ : le baptême, la confirmation, l’eucharistie, le mariage, l’onction des malades, l’ordre, la réconciliation (confession). Ils touchent toutes les étapes et tous les moments importants de la vie du chrétien : ils donnent naissance et croissance, guérison et mission à la vie de foi. Ils aident à l’édification de celui et celle qui le reçoit et de l’Eglise toute entière. Chaque sacrement est un acte dont le rituel est public, c’est-à-dire que toute personne peut y assister et ainsi en être témoin. Cet aspect de témoignagne visible et public est important, ce qui rejoint ce qu'Antoine voulait dire je crois quand il disait qu'il n'envisageait pas l'aspect strictement privé d'une cérémonie «repliée sur elle-même». Cette dimension est révélée entre autre par ces pratiques : publication des bans, règles de majorité, témoins, registres, etc.

Le mariage chrétien est une alliance (Signifiée par les anneaux...), qui est elle-même signe visible de l'Alliance Nouvelle du Dieu Amour avec l'humanité dans le Christ. En cela elle est aussi témoignage de foi, de fidélité et d'Amour selon les commandements (libérateurs) du Seigneur et engagement d’obéissance à l’évangile. Pour les chrétiens, sacrement et contrat sont une seule et même chose (de là la reconnaissance juridique civile inclue dans le mariage catholique).

Du fait que l’homme et la femme prennent Dieu à témoin en se donnant librement l’un à l’autre, ils se confèrent mutuellement le sacrement de mariage. L’Église considère l’échange des consentements entre les époux comme l’élément indispensable " qui fait le mariage " (CIC, can. 1057, § 1). " Je te prends comme ma femme " – " Je te prends comme mon mari "

Si le consentement manque, il n’y a pas de mariage. " Etre libre " veut dire : – ne pas subir de contrainte ; – ne pas être empêché par une loi naturelle ou ecclésiastique. Le prêtre est présent pour bénir les époux, assister comme témoin, au nom de l’Église aux promesses qu’ils se font pour constater si elles sont sincères et libres et s’ils sont dans les conditions requises pour recevoir les grâces du sacrement (ce qui implique la préparation sacramentelle au mariage et à ses engagements). Puisque le mariage est un état de vie consacré dans l’Église, il faut qu’il y ait certitude sur le mariage (d’où l’obligation d’avoir des témoins). Le caractère public du consentement protège le " Oui " une fois donné et aide à y rester fidèle.

Dans la tradition des Eglises orientales, depuis byzance, les prêtres ou évêques qui officient sont les témoins du consentement mutuel échangé par les époux, mais leur bénédiction est nécessaire aussi à la validité du sacrement. Cela exprime visiblement que le mariage est une réalité ecclésiale au fondement spirituel, une mission.

Le mariage valide est indissoluble : “Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair. Que l'homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint.” (Matthieu 19:6) Aucun pouvoir humain ne peut se substituer à ce consentement. Concernant les permissions du divorce de La Loi Israélite, Jésus (qui vient non pas abolir mais accomplir la Loi du Sinaï en sa divine personne) affirme que l'on a donné ces lois (la permission du divorce comme dérogation à la loi juive) à cause de la dureté des coeurs, non pas parce que c’était la volonté de Dieu (Matthieu 19:8).

La célébration :

Le mariage sacramentel est un acte liturgique. Il est dès lors convenable qu’il soit célébré dans la liturgie publique de l’Église, dans les lieux de culte appropriés et dans la célébration communautaire de l'Eucharistie. En effet, dans le rite latin, la célébration du mariage entre deux fidèles catholiques a normalement lieu au cours de la Sainte Messe, en raison du lien de tous les sacrements avec le Mystère Pascal du Christ, source et sommet de la vie chrétienne.

Les diverses célébrations sont riches en prières de bénédiction, de louange et d'intercession demandant à Dieu sa grâce et la bénédiction sur le nouveau couple, spécialement sur l’épouse. Les époux reçoivent l’Esprit Saint comme Communion d’amour du Christ et de l’Église (cf. Ep 5, 32). C’est Lui le sceau de leur alliance, la source toujours offerte de leur amour, la force où se renouvellera leur fidélité, le rocher sur lequel s’édifie leur union dans la participation à la vie créatrice du Père ; dans la procréation et l’Éducation, religieuse et civile, des enfants.

La dimension juridique (droits et devoirs des époux) :

Le mariage introduit dans un ordre ecclésial, il crée des droits et des devoirs dans l’Église et la société, entre les époux et envers les enfants : c'est la dimension juridique du Droit Canon romain, d'où origine d'ailleurs le droit civil contemporain, s’il faut le souligner…

Pour vous donner une vision, voiçi un schéma liturgique d'une célébration :

Ouverture
- avec procession -
- Salutation

Hymne Gloire à Dieu
Prière d'ouverture

Liturgie de la Parole (lecture des textes bibliques)

Célébration du mariage :
Profession de foi (Credo)
Dialogue initial
Echange des consentements
Réception du consentement
Bénédiction et
remise des alliances
Bénédiction nuptiale
Chant de louange
Prière des époux (3 formes proposées, ou composée spécialement)
Prière et intentions universelle (4 formes proposées, ou composée spécialement)

Présentation des dons
Prière sur les offrandes
Préface
Prière eucharistique
Prière du Notre Père
Prière et chant après la communion

Conclusion de la célébration
Bénédiction finale
Souvenir du mariage offert aux époux
Signature de l'acte de mariage
Envoi final (Ite Missa Est)
Jeu d'orgue

Voilà, un petit résumé. Si vous avez des Questions, ne vous gênez pas, le dialogue est toujours heureux.

Jonathan

Anonyme a dit...

Ayoye.