vendredi 6 juillet 2007

Les USA pis moi : Keith Olbermann - Special Comment

Manu a demandé des choses moins laides. Très bien alors.
J'ai décidé de vous partager un exemple de ce qui m'amène à ne pas être systématiquement toujours plus découragé d'une journée à l'autre, à croire que les États-Unis ne sont pas aussi infâmes qu'on le croit généralement et à croire que la situation là-bas s'améliore (d'un point de vue politique de gauche).
La planète entière, ou presque, a été subjugé de voir comment, dans la foulée du 11 septembre 2001, les Américains se sont rangés comme un seul homme derrière une politique et un discours manichéen, dangereux, que nous avons tous dénoncés mais qui a pourtant été mis en oeuvre malgré tout, avec les résultats que l’on sait. Nous hallucinions tous – du moins je crois que je n’étais pas le seul! – sur la façon dont tout esprit critique dans les médias et même dans une bonne partie de la gauche américaine semblait avoir été mis de côté au profit d’un patriotisme à toute épreuve! Ainsi, alors que la planète entière savait que la guerre en Irak être ne pouvait pas être autre chose qu’une arnaque monumentale, destinée à créer une incroyable catastrophe politique et humaine, les peuples des États-Unis a gobé la propagande de la Maison Blanche relayée sans à peu près aucun travail critique de la part des médias.
Amorcée dans les années 1970, la domination idéologique du mouvement conservateur et des divers courants de droite états-unien dans les débats et leur capacité à imposer les enjeux et les termes de l’agenda politique s’est cristalisé en 1994 quand les républicains ont pris le contrôle des deux chambres du Congrès pour la première fois depuis plus de 40 ans (Ce contrôle, ils l’ont maintenu jusqu’en novembre dernier quand les Démocrates ont repris le contrôle des deux chambres – le Sénat par une trop mince majorité pour leur donner les coudées franches.)
Dans la foulée du 9/11, cette hégémonie a donc atteint un sommet presque impensable dans une démocratie, au point où cerrtains se sont mis à douter que les USA en avaient toujours les attributs et les qualités. Les critiques et les opposants à la guerre en Irak ont été mis en minortés, réduits au silence, insultés comme étant « pro-terroristes » ou « anti-américain ».
Quand, en plus, on a vu l’administration Bush adopter des politiques restreignant ou violant les libertées de ses propres citoyens (le Patriot act, ou l’espionnage de communication sans mandat); s’autorisant à piétiner les droits humains les plus fondamentaux de prisonniers de guerre par une entourloupe linguistico-juridique pour les soustraire à la Convention de Genève (les « combattants ennemis illégaux » de Guantanomo soumis à des tribunaux spéciaux où l’habeas corpus ne constituait plus le fondement des procédures judiciaires); en s’autorisant à interpréter à leurs guises les clauses de cette dernière Convention afin de permettre des formes de tortures envers ces mêmes prisonniers, etc.
Ce que l’on a moins vu, c’est que l’hémonie idéologique conservatrice a commencé à être sérieusement ébranlé dans les dernières années. Plusieurs éléments m’amènent à être optimiste, et à croire effectivement que les USA devraient selon toute vraisemblance se doter d’un Président démocrate en novembre 2008 (je dirais à au moins 3 chances contre 2). Outre la popularité de Bush qui est en dessous des 30 %, le regain du contrôle des deux chambres par les démocrates, la montée d’une vraie gauche(anti-guerre, pro-santé universelle, ultra-pro-Kyoto) au sein du parti démocrate, il y a le fait que les médias (disons certains) ont retrouvé une bonne partie de leur sens critique.
Plus encore, alors que les conservative pundits (ces commentateurs-présentateurs de nouvelles ultraconservateurs qui ont dominé les chaînes d’information américaines depuis les 1990’s) comme Bill O’Reilly, continuent d’être très populaires, on observe la montée d’un type comme Keith Olbermann qui est en train de créer un genre inédit aux USA : le liberal pundit!! Animateur de l’émission Countdown with Keith Olbermann, à MSNBC, troisième chaîne d’information continue en importance aux USA, sa popularité connait une croissance importante et constante et qui s’est accéléré de façon exponentielle depuis qu’il a commencé à livrer des « special comments » qui sont en gros un commentaire éditorial livré avec une passion et une efficacité peu commune. Olbermann s’inspire ouvertement de Edgar Murrow, ce journaliste anti-Macarthy que l’on peu voire représenté dans le film « Good Night and Good Luck ».
Comme il temps que j’en finisse avec ce post, je vous laisse avec des mots de Patrick Lagacé (le journalisse de la Presse qui a besoin d’un dictionnaire pour lire le Devoir) qui présente le vidéo qui m’a amené à m’épandre sans fin sur le sujet. Je ne partage pas toute sa conclusion, mais je suis assurément d’accord avec lui sur ce point : j’aime les USA, non pas à cause de leurs conneries et leurs gaffes inégalables, mais bien parce que la contrepartie de ces conneries, ce sont aussi certaines choses vraiment « hot » que l’on ne retrouve pas ailleurs dans le monde.

Bush, comme on le sait, a scandaleusement effacé la sentence de prison de Scooter Libby, ex-chef de cabinet de son vice-président, Dick Cheney. Libby a été trouvé coupable par un jury de ses pairs dans l'affaire du « outing » d'une agente de la CIA à des fins politiques. Richard Hétu explique l'histoire ici. Cette grâce de Bush, bien évidemment motivée par le désir de la Maison-Blanche de ne pas pousser Libby à ouvrir sa trappe, est l'objet d'une polémique, aux États-Unis.
Bush a été esquinté par nombre d'analystes et chroniqueurs. Comme Andrew Sullivan, un conservateur éclairé, par exemple, qui ne décolère pas devant ce traitement de faveur envers un « staffer » qui a enfreint la loi. Mais c'est Olbermann qui remporte la palme de l'attaque la plus passionnée, la plus inspirée, la plus dévastatrice sur le président des États-Unis.
Le vidéo [...] c'est dix minutes de magistrale mise en accusation, en regardant le kodak sans cligner des yeux, une mise en accusation qui dresse des parallèles avec la démission de Nixon. C'est un grand, grand moment de TV.
C'est pour ça que j'aime les Américains. Pour ces effronteries-là, parce que non, les USA, c'est pas seulement FOX, McDo, l'inculture et l'indolence. C'est Olbermann, aussi, beaucoup, c'est cette formidable suspicion face au pouvoir, qui finit toujours par remonter à la surface ; cette formidable suspicion face au pouvoir que je ne sens pas souvent, ici, dans notre grand pays placide, dans notre belle province tranquille.
En somme, tout ça pour dire que les USA ne sont pas si pires, et qu’ils sont aujourd’hui mieux qu’hier. Pour soutenir cela, j'aurais aussi vous dire qu'il existe une blogosphère de gauche de plus en plus puissante et influente (deux des plus intéressants et importants blogs sont Crooks and liars et DailyKos), ou le fait que deux juges qui président ces commissions millitaires chargés de juger les combattants ennemis à Guantanamo ont laissé tombé toutes les charges dans deux cas différents (dont l'un concernait le canadian Omar Khadhr) parce qu'ils se sont dit non-habilités juridiquement à procéder.
Comme quoi, même dans une zone de non-droit, on oublie pas si facilement l'État de droit. Mais ceux qui me connaissent bien savent que je suis un éternel optimiste.

2 commentaires:

Manu a dit...

eille, je voulais des oiseaux ... pas des vautours...

Anonyme a dit...

ça fesse sa petite montée de laid