dimanche 30 janvier 2011

Théorie unifiée de l'évolution

Salut les unipopéen-nes!
Jens et moi avons une conversation sur une théorie de l'évolution de l'univers, de la vie et des organisations. Joignez vous-y!
Nic

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Jens a écrit:

La notion que j'aimerais deconstruire est celle de la survie du plus fort (survival of the fittest). Cette maxime de la theorie de l'evolution domine aussi notre univers social et je pense qu'elle est incomplete, voir fausse. L'idee que je veux opposer ou ajouter a la survie du plus fort en est une qui vient de Ronald Fisher (un type freak qui etait un aussi un defenseur de l'eugenie, theorie a laquelle je n'adhere pas du tout). Elle se resume (en anglais) par: The better adapted you are, the less adaptable you tend to be. En gros ce que R. Fisher dit est que les especes qui sont tres bien adaptees a leur milieu (ex. requins, certains dinosaures a leur epoque, etc..) seront plus vulnerables lorsque surviendra un changement brusque de cet environnement. Selon moi cette observation que je trouve credible et qui, selon moi, s'applique aussi a des grandes institutions et courants de pensee, est en legere contradition avec l'idee de la survie du plus fort.

Je ne suis pas certain de la raison de cette contradiction (peut-etre apparente). En gros, il semble que les toutes les organismes (et j'inclus ici les especes vivantes) tres bien adaptes a leur environnement, et donc plus forts que leur competiteurs immediats, developpent des facons de faire tres rigides. On peut aussi dire que ces organismes se regulent de facon tres precise mais aussi qu'ils developpent un tas de mecanismes de protection qui les empecheront ensuite de progresser.

Je ne suis pas encore certain du format du texte mais j'ai l'impression que quelque part la dedans se cache certains principes generaux qui peuvent s'appliquer a plusieurs cas d'auto-organisation et d'evolution.

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Suite à quoi je rajoute:

Connais-tu la théorie (métaphore) de la «panarchie» («panarchy» en anglais)? Elle m'a été présentée par un livre du même titre (Panarchy) où sont regroupés les essais de scientifiques de diverses disciplines, dont la biologie et la gestion (en ce qui a trait aux transformations des organisations sociales, comme tu l'as aussi remarqué). Un élément clé qu'illes proposent est une partie complémentaire au phénomène de la croissance (croissance des individues, des espèces, des systèmes, des organisations; évolution): une phase de destruction et réassemblage chaotique qui referme la boucle et initie un nouveau cycle de croissance. Toujours selon cette théorie, et comme tu l'as aussi décrit, chaque phase de croissance se caractériserait premièrement par une sous-phase durant laquelle les ressources (ou opportunitées) sont abondantes: des innovations peuvent apparaître. Puis, dans la deuxième sous-phase, certains organismes (individus, espèces, etc.) qui sont plus «adaptés» pour compétionner, par une augmentation de l'efficacité avec laquelle ils prennent, utilisent, conservent, voire monopolisent les ressources, peuvent en venir à dominer. Ce développement se produit au coût de la perte de ce que ces auteur-es appelent la résilience. Cette perte de résilience est comme une variable invisible, en suspens, potentielle: le système «adapté» devient plus vulnérable à une destruction soudaine car il s'est de plus en plus isolé de son environnement. Il a évolué une capacité à faire fi des variations plus petites (plus subtiles) de son environnement. Donc, le signal capable de faire varier le système en devient un qui doit être de plus en plus fort. Arrive un seuil où la force du signal nécessaire pour faire réagir le système cause le déclenchement d'une réaction en chaîne: la phase de destruction-réassemblage débute. C'est ce qu'illes appelent «the back loop», c'est le chaos qui va engendrer de nouvelles possibilités. C'est la partie la plus subtile, la plus difficile à prédire et donc celle qui a été ignorée par les théories scientifiques qui ont focusé seulement sur la croissance, la compétition pour la survie du plus adapté, etc. En fait, c'est comme si ces théories, par leur efficacité à prédire (et leur application pour contrôler!), se comportaient comme ces systèmes monopolisants qui finissent par atteindre un seuil par la perte de leur résilience.

Un autre aspect clé pour comprendre ce cycle de création-destruction serait que chaque cycle (de chaque organisme, individu, espèce, etc.) est niché («embedded») dans une mosaïque d'une multitude d'autres cycles, à la même échelle, en parallèle, et à des échelles plus petites et plus grandes. Les cycles à plus grandes échelles seraient aussi plus lents, donc comme stabilisants du point de vue des cycles plus petits. Inversement, les cycles plus petits (plus nombreux) peuvent être compris comme étant plus rapides et donc comme la source de l'innovation et de la diversité du point de vue des cycles plus grands.

J'espère que tu comprends ce que je viens d'écrire et que ça te soit utile pour la synthèse que tu prépares.

Je viens de te trouver un super article (je n'ai lu que le résumé mais je pense à le lire en entier): http://www.ecologyandsociety.org/vol9/iss2/art5/
Les auteur-es de la théorie de la panarchie ont aussi créé un réseau de recherche, «Resilience Alliance» (http://www.resalliance.org/), qui cherche à découvrir et promouvoir les implications de ces concepts pour la durabilité des systèmes biologiques et sociaux.

Vive la panarchie!
Continuons à partager nos réflexions pour faire avancer cette recherche.
J'en cherche les applications concrètes dans ma vie, par exemple pour ce qui a trait à la production de nourriture, la vie en communauté et l'organisation politique.

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